Le Sénat, cette assemblée qu'on adore détester
Le 25 avril 1969, l'heure est grave pour la Ve République. Deux jours avant le referendum qui allait sceller son destin en provoquant son départ, le Général de Gaulle explique aux Français sa proposition de réforme du Sénat.
L'attaque sur le Sénat est dure.
"Obscur et accessoire" Voilà qui est dit clairement alors que c'est sa Ve République qui en avait réévalué le rôle en lui redonnant un pouvoir législatif qu'il avait perdu sous la IVe. Mais le Sénat l'avait lâché le premier en freinant des quatre fers sur la question de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. C'était en 1962 et selon les mots de Gaston Monnerville, alors Président du Sénat, l'affront à la Constitution était tel que l'on était pas passé loin d'un véritable procès à l'encontre de De Gaulle.
De Gaulle n'a pas le monopole de la critique du Sénat...
En effet, la critique gaullienne contre le Sénat est une vieille rengaine. A la fin des années 1910, le radical de gauche Edouard Herriot quittait le Sénat avec ces mots terribles :
"Le Sénat est une assemblée d'hommes à idées fixes, heureusement corrigée par une abondante mortalité"
Le jugement est sévère et il pointe du doigt le conservatisme et l'âge des sénateurs. N'oublions pas, par exemple, que c'est lui qui dans les années 1920-30 avait enterré les projets de loi visants à donner le droit de vote aux femmes. Dépositaire des mêmes droits que l'Assemblée nationale sous la IIIe République, c'est encore lui qui avait mis en minorité Léon Blum durant le Front populaire.
... On en retrouve encore des échos aujourd'hui
De fait, on entend encore beaucoup de critiques. Le Sénat serait ainsi une conservatrice, totalement hors de la modernité. C'est notamment ce que dénonçait Lionel Jospin alors Premier Ministre dans une interview au journal Le Monde en 1998.
"Le Sénat serait une anomalie parmi les démocraties !"
Le débat qui avait suivi avait été intense.
A l'époque, le Sénat était depuis toujours, et l'on pensait alors pour toujours, à droite. Et c'est bien dans un contexte de crainte d'un Sénat repassant à droite vendredi dernier, le député des Hauts-de-Seine Alexis Bachelay en à réclamer suppression.
De toute évidence, on ne veut jamais autant supprimer le Sénat que lorsqu'on l'a perdu
Pour aller plus loin :
http://blogs.mediapart.fr/blog/bastien-francois/021011/que-faire-du-senat-demain
Que faire du Sénat demain ? L'analyse de Bastien François, Professeur de droit constitutionnel à l'Université Paris-1 Panthéon Sorbonne
/elections/des-deputes-socialistes-s-engagent-pour-la-suppression-du-senat_703963.html
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