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La leçon du Larzac

Entre 1971 et 1981, ils sont des centaines de milliers à se masser sur le plateau du Larzac. Paysans, mais également hippies, ouvriers, nationalistes occitans... Ils protestent contre l'expropriation de paysans suite au projet d'extension du camp militaire. Suivant les enseignements de Lanza del Vasto, leur lutte non-violente couronnée de succès peut être un modèle pour les manifestants de Sivens.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Maxppp)

 "Ces terres, vous ne les reprendrez jamais !"

Le 18 août 1974, une foule immense composée de paysans, de hippies, de féministes, d'ouvriers, de nationalistes occitans est réunie sur le Rajal del Gorp sur le plateau du Larzac.  Tous écoutent Bernard Lambert, le fondateur du mouvement des "Paysans Travailleurs" et à l'orgine de la marche sur le Larzac.

"Pour défendre le Larzac, les travailleurs passent à l'attaque !"

Autour de lui des paysans du Larzac dont Guy Tarlier, le stratège d'un mouvement de protestation commencé trois ans plus tôt après l'annonce par le Ministre de la Défense Michel Debré d'étendre le camp militaire du Larzac, entraînant, de fait, l'expropriation de 107 paysans. Ils sont 103 à faire le serment de ne jamais quitter cette terre.

Le ton de Bernard Lambert est combatif, presque martial.

De 103 au départ, les manifestants passent rapidement à des dizaines de milliers, qui sont rejoints de partout dans une lutte qui dépasse et de loin la simple lutte pour rester sur leur terre.

Dix ans de lutte non violente

Pourtant, malgré le ton combatif de Bernard Lambert, le mouvement a toujours rejeté la violence, convaincu par Lanza del Vasto, apôtre de la paix et disciple de Gandhi qui s'est installé dans le Larzac. Lorsqu'en 1977, Jean-Pïerre Elkabbach lui demande d'évoquer ceux qui, se mêlant aux manifestants non-violents, prônent l'utilisation de la violence son constat est sans appel.

"S'ils étaient payés par le pouvoir, ils ne feraient pas autrement"

Un constat qui résonne avec une particulière actualité, et on se prend à rêver que les casseurs de ces derniers jours entendent les mots de Lanza del Vasto. La suite des évènements donne raison à Lanza del Vasto. En juin 1981, le Président nouvellement élu, François Mitterrand, conformément à sa promesse de campagne, enterre le projet. Ainsi, en juin 1981, sans violence mais avec une inébranlable détermination,  les paysans du Larzac avaient gagné...

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