Cet article date de plus de huit ans.

Il y a 40 ans, le coup d'Etat "en douceur" des militaires "modérés" en Argentine...

Le 24 mars 1976, une junte militaire s'installe à la tête de l'Argentine. La démocratie est abolie sous le regard bienveillant des États-Unis, mais pas seulement...
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Coup d'Etat en Argentine le 24 mars 1976 © Maxppp)

Retour ce matin il y a 40 ans jour pour jour, le 24 mars 1976. L’Argentine bascule dans une dictature militaire rejoignant ses voisins du Brésil, du Chili, du Paraguay et de l’Uruguay, tous dirigés par des juntes militaires. Sur France Inter, Jean-Pierre Elkabbach évoque un coup d’Etat en douceur:

"Un coup de force en douceur en Argentine. La présidente Perón a été déposée par les chefs de l'armée. Ils ont immédiatement mis en place un cabinet militaire. Leur programme n'est pas très clair. On sait déjà qu'après 21 mois de pouvoir d'Isabel  Perón, l'Argentine doit résoudre au plus vite le triple problème de la corruption, de la guérilla urbaine et de la banque route économique."

Un coup d’Etat "en douceur" et même légitimé par la situation dramatique du pays, tant d’un point de vue sécuritaire que d’un point de vue économique. Et il est vrai que si le pays demeurait une démocratie, l’Argentine était un pays malade et il ne fallait pas voir en Isabel Perón une ardente défenseuse des libertés individuelles. Le terrorisme d’Etat était une pratique courante, notamment contre les guérilleros de L'Armée révolutionnaire du peuple.

Mais si l’on présente ce coup d’Etat sous un jour plutôt favorable, c’est aussi parce que depuis des semaines, certains œuvraient discrètement à cela. Et ceux-là étaient aux Etats-Unis, Washington ayant discrètement soutenu un coup d’Etat, dont ils étaient au courant des préparatifs depuis un bon mois.

L’ambassadeur des Etats-Unis, Robert Hill, qualifiera le nouvel homme fort de Buenos Aires, le général Videla de  "modéré". Et le soutien sera également en dollars. Le 27 mars le FMI accorde un prêt de 127 millions de dollars au nouveau régime avant que quelques jours plus tard le Congrès américain accepte de débloquer une aide exceptionnelle de 50 millions de dollars à la junte militaire…Mais les Etats-Unis ne sont pas les seuls à se montrer bienveillants:

"Sur la base de Toul Rosières, en démonstration, un chasseur F100 et une patrouille lourde de quatre Jaguar. De nombreux spectateurs pour les voir évoluer, 84 au total, ce sont des officiers pilotes argentins. Ils viennent de terminer leur première année à l'école d'aviation militaire de Cordoba. Leur voyage de fin d'année les a conduits en Grèce, en Italie, en Suisse avant de venir en France. Avant de quitter leurs homologues français, ils se sont échangé des cadeaux."

Des cadeaux échangés six mois après le coup d'Etat...

Bienveillance politiquement et économiquement compréhensibles, mais moralement coupable. Au total, les 4 juntes militaires qui se succèderont en Argentine jusqu’en 1983 auront entraîné l’exil de millions d’Argentins et la disparition de dizaines de milliers d’entre eux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.