Histoires d'info. Quand François Mitterrand pointait "l'immense ampleur" du problème des banlieues (1983)
La visite de François Mitterrand aux Minguettes, à Vénissieux, près de Lyon, en août 1983 est la première visite d'un chef d'Etat dans un quartier "sensible".
On a parlé lundi 13 février des premières véritables émeutes urbaines en banlieue, c’était aux Minguettes dans la banlieue sud de Lyon, en juillet 1981, le nouveau président de la République se fait fort de régler un problème qui en est alors à ses balbutiements.
François Mitterrand se rend personnellement aux Minguettes le 10 août 1983, après de nouvelles violences : "Je préfère voir les choses par moi-même. Faut bien se dire qu'à l'origine de nombreux désordres sociaux, se trouvent ces déplorables conditions de vie. Et moi je veux lutter contre ces désordres, je veux m'attaquer aux sources d'un malaise et d'un déséquilibre social d'une immense ampleur. Je compte bien au cours des semaines et des mois à venir péserverver dans cette enquête personnelle."
On notera avec intérêt que le président de la République insiste sur la nécessité de se rendre lui-même en banlieue pour voir de ses propres yeux la réalité, sous-entendu sans passer par le regard déformé des conseillers et déformants des médias.On notera aussi que dès l’origine, il n’y a pas de minimisation d’un problème que François Mitterrand qualifie, on l’a entendu "d’une immense ampleur".
L'urbanisme comme solution
On tente d’y trouver des solutions qui prennent la forme d’un vaste programme d’urbanisme, des projets lancés dans le cadre de la mission Banlieue 89 animée par l'architecte Roland Castro et l'urbaniste Michel Cantal-Dupart. Mitterrand lance lors d'une visite : "La tâche est difficile et c'est en cela qu'elle est intéressante. Je suivrai personnellement la réalisation de ces différents projets."
Une mission qui prendre pour cible les grands ensembles des années 1960 et qui œuvre dans 116 communes jusqu’en 1991. Pour la petite histoire, Roland Castro explique que dans ces communes le FN a baissé dans les urnes et que c’est pour cela que François Mitterrand, fin stratège, aurait abandonné le projet. L'engagement politique dans les banlieues est rarement désinteressé.
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