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Histoires d'info. Le "peuple corse" au défi du suffrage universel

Les nationalistes obtiennent la majorité absolue dans la nouvelle collectivité unique de Corse. Le score de dimanche est véritablement la victoire qu'attendaient les nationalistes. La victoire démocratique.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Valéry Giscard d'Estaing, président de la République, prenant un bain de foule en Corse, le 8 juin 1978. (KEYSTONE-FRANCE / GAMMA-KEYSTONE/Gettyimages)

Revenons en 1978. La situation de la Corse a énormément évolué en quelques années seulement. Depuis les événements de la cave d’Aléria, les nationalistes autonomistes se sont structurés politiquement et une partie des indépendantistes s’est radicalisée avec respectivement la naissance d’un parti politique autonomiste, l’Union du peuple Corse, lointain ancêtre de Pè a Corsica, le parti arrivé en tête hier et le FLNC, Front national de libération de la Corse.
Si nous avons décidé de revenir en 1978, c’est parce que c’est cette année-là que se tiennent les législatives. La droite majoritaire en Corse est très intransigeante. Jacques Chirac à quelques mois des élections : "Comment ne pas voir que l'autonomie régionale dans le domaine économique ne peut que mener à la ruine les régions les plus pauvres.

Et au lendemain du raz de marée gaulliste dans l’île, le président Valery Giscard d’Estaing a beau jeu d’en appeler au strict respect du résultat électoral. Il est à Bastia le 9 juin 1978 : "Lorsque le suffrage s'exprime démocratiquement au terme d'une consultation libre et intense, il est la seule expression légitime de leur aspiration. On ne récuse pas le suffrage universel. On ne joue pas à cache-cache avec la libre expression de la volonté des citoyens."

L’arrivée au pouvoir de la gauche change la donne

La décentralisation engagée par la grande loi de 1982 démarre par la Corse qui est dotée d’une Assemblée de Corse élue au suffrage universel. Les autonomistes sont largement battus. Et en 1983, François Mitterrand s’en tient lui aussi au résultat du vote : "Après tout, que veulent les Corses ? Ils ont eu l'occasion de le dire. Le statut qui a été adopté leur a permis. Les partis politiques se sont opposés. Il y a même eu des partis qui se réclament de l'autonomie de la Corse et ceux qui se réclament de l'indépendance. Ils n'ont pas pris part à l'élection ou ils ont réclamé l'abstention ? Ils n'ont pas réussi. C'est à dire qu'ils n'ont pas été écouté. La preuve est faite. L'exercice de la démocratie doit s'effectuer maintenant dans les institutions reconnues par la nation toute entière."

En 1988, cette Assemblée corse votera une motion affirmant l’existence d’un "peuple corse", une motion censurée en 1991 par le Conseil constitutionnel qui rappela qu’il n’y avait qu’un seul peuple, le peuple français. Hier, Gilles Simeoni a déclaré que : "Paris ne peut plus nier l'aspiration à la reconnaissance du peuple corse." Il y a quelques décennies, Giscard et Mitterrand en appelaient au strict respect du suffrage universel. La France doit-elle acter de l’existence d’un peuple corse ? Voici la question très profonde que le résultat du vote d’hier pose à l’ensemble de la nation française.

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