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Histoires d'info. Le népotisme : des papes aux élus de la République

Le népotisme existe depuis toujours. Des emplois fictifs ou des rémunérations exhorbitantes, cette pratique critiquée, mais pourtant enracinée, fait partie de la vie politique.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Bruno Le Roux, ministre de l'Interieur, à l'Assemblée nationale, le 7 décembre 2016. (IAN LANGSDON / EPA)

Emplois fictifs, rémunérations exhorbitantes, avantages divers et variés, etc. Les accusations de népotisme ne semblent plus cesser de faire l'actualité. Une pratique critiquée mais pourtant enracinée dans notre vie politique, que ce soit à l'échelon national ou européen.

Un peu d’étymologie :  le népotisme, cette pratique qui vise à accorder des faveurs particulières et plutôt injustifiées à des membres de sa famille, vient, première surprise non du mot  "enfant", comme l’actualité pourrait le faire penser, mais du mot  "neveu". Le Nepos, c’est le  "neveu" en latin.  "Nipote" en italien. Et si l’étymologie est latine et le mot dérivé de l’italien, c’est parce que la chose, l’est. C’est en effet au Vatican, à partir du XVIe siècle, qu’on commence à parler de népotisme pour évoquer les faveurs en emplois et surtout en argent accordés aux neveux des papes (voire à leurs enfants, mais ça c’est secret…) Progressivement, le terme népotisme s’élargit au contexte économique et politique. Et s’il est le symbole même de la mauvaise gouvernance dans les pays en développement, on le retrouve aussi dans les vieilles démocraties où cette pratique est à la fois répandue et critiquée.

Des exemples à foison !

Exemple, au moment de la vague de privatisations opérée par la droite entre 1986 et 1988, chacun se renvoie l’accusation. "Est-ce vraiment un hasard si à la tête de ces grandes entreprises privatisées on retrouve le parrain d'une fille de monsieur Chirac, le beau-frère de monsieur Balladur, l'ancien secrétaire général du RPR ou l'ancien directeur-adjoint du cabinet de monsieur Chirac ?, s'interroge Michel Charzat, secrétaire national du PS. "Je pense qu'il y a actuellement la mise en place d'un véritable réseau d'amis et des princes qui nous gouvernent afin d'opérer une confusion des pouvoirs économiques, politiques et médiatiques" ajoute-t-il. 

Robert-André Vivien, député RPR et rapporteur de la commission des finances déclare, de son côté : "Jamais le népotisme n'a été aussi grand que sous le règne de monsieur Mauroy et de monsieur Fabius."

La généralisation du phénomène

Il est bon être fils d’élus de la République. Du poste de conseiller aux Affaires africaines à l’Elysée de Jean-Christophe Mitterrand en 1983 à l’appartement social du fils de Laurent Juppé dix ans plus tard, en passant par l’embauche de Thomas Fabius chez Accor à la demande de son père ou encore à la quasi désignation de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD. S’il est de bon ton de brocarder l’Union européenne, elle est plutôt vertueuse en la matière, même si tout a commencé avec un immense scandale. Un journaliste télé : "Une première dans  l'histoire des institutions européennes. Cette nuit, les membres de la Commission de Bruxelles ont décidé de démissionner collectivement." Un autre journaliste télé : "L'objet de cette folle nuit : ce rapport. 148 pages sur les fraudes, le népotisme et la mauvaise gestion au sein de la Commission. Conclusion : la responsabilité des commissaires est collective, même si au chapitre favoritisme Edith Cresson reste particulièrement visée."

La commission démissionne et dans la foulée, est créée l’OLAF, l’Office européen de lutte anti-fraude et quelques années plus tard, le parlement européen interdit strictement l’emploi de membres de leurs familles par les élus. Un exemple pour la France ?

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