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Histoires d'info. Il y a une cinquantaine d'années, le plus simple pour gérer les déchets était de les ignorer

Après la mise en place du tri sélectif, une redevance modulée en fonction du volume de déchets pourrait inciter les ménages à moins jeter. Une préoccupation bien récente.  

Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une décharge à ciel ouvert au Havre (Seine-Maritime), en janvier 1973. (AFP)

Pendant l’essentiel de notre histoire, les déchets n'étaient pas vraiment des déchets. Ils étaient naturellement recyclés, notamment dans les champs. Le compost n’était pas un truc à la mode, c’était l’évidence. Et puis on ne jetait pas les objets, on les gardait. La grande rupture apparaît dans les Trente Glorieuses. Dans La Société de consommation, en 1970, Jean Baudrillard explique qu’avant, les objets précieux, survivaient aux hommes et aux femmes, qu’on se les transmettait de génération en génération. Tout cela c’est fini. Désormais, on jette.

D’où une question nouvelle, posée notamment dans ce reportage des actualités de Bourges en 1967 : "Parallèlement à l'augmentation de la consommation à l'ère du bas nylon et de l'emballage perdu, qu'il soit carton ou plastique, la masse résiduelle s'accroît."

Des déchetteries au usines de recyclage

Que fait-on alors pour gérer ces ordures ménagères qui explosent ? C’en est progressivement fini à partir de la fin des années 1960 des ordures enterrées dans le sol puis recouverte de terre, des immenses décharges à ciel ouvert auxquelles on mettait le feu ou de déchets jetés en mer. Des usines sont construites en périphérie des villes, où l’on incinère mais aussi où l’on trie les déchets. La grande loi de 1975 impose aux communes de gérer les déchets, c’est à ce moment-là qu’elles décident, souvent collectivement, de se doter d’usines.

Nos poubelles continuent de prendre du volume. Elles ont grossi d’un tiers entre 1960 et 1990. Et la part des emballages est passée dans le même temps de 16% des déchets à 33%. Des emballages que l’on peut mieux recycler et c’est alors que l’on décide de mettre les citoyens à contribution… Dans le journal de 13 heures d’Antenne 2, en juillet 1991, Hervé Claude annonce l'arrivée du tri : "Après les Gauloises bleues et le Schtroumpf de la même couleur, voici maintenant les poubelles bleues, une initiative écologique. La poubelle bleue serait la deuxième poubelle dans laquelle on rejetterait tout ce qui est emballage recyclable."

C’est en 1992 que la loi imposera le tri sélectif dont une partie est financé à peu près à part égale par les producteurs d’emballage, et par les collectivités. 25 ans plus tard, si le tri sélectif s’est clairement imposé dans les pratiques des Français, cette solution paraît insuffisante pour réduire réellement nos ordures ménagères.

Le principe du pollueur-payeur peut-il profondément changer nos pratiques ? C’est en tout la cas la piste, nouvelle, qui est envisagée.

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