Cet article date de plus de six ans.

Histoires d'info. Il n'y a que quelques dizaines d'années que le gouvernement lutte contre le racisme

Le gouvernement a présenté lundi un nouveau plan d'action contre le racisme et l'antisémitisme. Au regard du passé, les mesures prises pour enrayer ces phénomènes sont assez récentes.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Réné Pleven, ministre de la Justice, au palais de l'Elysée à Paris, le 14 mars 1973. (AFP)

La lutte contre le racisme et l’antisémitisme a pris différentes formes, mais elle est finalement récente, puisqu’il ne faut remonter qu’au début des années 1970 pour trouver les traces d’un volontarisme politique. Il existe ainsi une loi ancienne qui réprime la diffusion de propos racistes et antisémites pouvant conduire en prison les coupables, notamment si les propos ont pu conduire d’autres personnes à commettre des actes criminels. Cette loi, c’est la grande loi sur la liberté de la presse de 1881. Ladite loi souffre cependant de deux limites : elle ne concerne que la pressen et elle est très mal appliquée. Il suffit à cet égard de constater le nombre de publications ouvertemet antisémites dans l’entre-deux-guerres pour s’en convaincre.

"La poubelle de Paris est remplie de ratons..."

C’est donc au début des années 1970 que le législateur se saisit enfin pleinement de la question de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. En 1972 précisément, un reportage du journal de 20 heures de l’ORTF pointe en effet l'urgence à légiférer : "'Trop de juifs', 'La poubelle de Paris est remplie de ratons', 'halte à la négrification', 'la France aux Français' : antisémitisme, racisme, xénophobie. Graffitis vengeurs barbouillés sur le murs qui visent les trois millions d'étrangers qui vivent en France. Cibles favorites ?  Les Algériens, les Noirs et les Portugais et pour trouver un emploi modeste, dans les petites annonces des journaux une barrière : 'Européens seulement'. À l'Agence nationale pour l'emploi, réponse écrite d'un industriel : 'Le direction ne prend pas de personnes de couleur'" Et le reportage de s’attarder ensuite sur les propriétaires qui refusent de louer à des étrangers. La grande loi de 1972, dite Pleven, interdit toute expression raciste, le racisme n’est plus à partir de cette date une opinion, c’est un délit. Cette loi fait de la France un pays pionnier en la matière. Et pour la renforcer les associations antiracistes peuvent également porter plaine et se constituer partie civile.

La loi ne peut pas tout, interdire le racisme ne le fait pas disparaître

La lutte contre le racisme ne peut pas uniquement se mener sur le terrain législatif. Il faut également travailler en profondeur sur les représentations collectives de l’autre, travailler sur les préjugés et c’est la raison pour laquelle depuis François Fillon en 2009, chaque Premier ministre a mis en place son plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, des plans associant un arsenal répressif plus efficace et un volet éducatif essentiel. Et dans un contexte particulièrement propice aux expressions racistes, contexte technologique avec les réseaux sociaux et géopolitiques avec le terrorisme islamiste, plus que jamais la lutte contre le racisme ne doit pas se jouer uniquement dans les tribunaux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.