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Histoires d'Info. Présidentielle : pourquoi 2017 fait penser à 2002, et pourquoi ça n'a rien à voir

La campagne présidentielle restera inédite à plus d'un titre. Retour sur les similitudes et les différences entre la campagne de 2002 et celle de cette année.

Article rédigé par franceinfo
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Bulletins de vote pour le deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002. (MAXPPP)

La campagne présidentielle touche à sa fin et même si elle restera inédite à plusieurs égards, le parallèle avec celle de 2002 est très tentant. Retour sur les similitudes et les différences entre ces deux campagnes atypiques. 2002-2017, il y a en effet des points communs assez frappants. D'abord, un candidat de la droite criblé par les affaires. Souvenez-vous de "Super Menteur" dans Les Guignols, c'était Jacques Chirac pris dans une affaire d'emplois fictifs, déjà. Il y a aussi Lionel Jospin, le candidat socialiste qui ne voulait pas apparaître comme socialiste : "Le projet que je propose au pays n'est pas un projet socialiste. Il est une synthèse de ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est à dire la modernité."

Il y a un autre point commun très important, Fabrice Drouelle nous en parle sur France Inter : "L'ombre de l'abstention plane sérieusement sur le premier tour. L'institut CSA prédit un taux de 30% ce qui serait un record d'abstention pour une élection présidentielle." En 2002, on attendait une abstention record et on l'a eue : 28,4 %. Alors qu'on est en moyenne autour de 80% de participation, on était plus proche des 70% : c'est le taux le plus bas de l'histoire de la Ve République.

L'explication ressemble un peu à ce que l'on peut avoir aujourd'hui : un flou énorme avec un clivage gauche-droite peu clair, avec Jospin en 2002 et Macron en 2017 ; aucun thème de campagne qui ne se dégageait – on aurait également du mal à en définir un cette année. On a une campagne décevante dans les deux cas, générant beaucoup d'indécis et beaucoup d'abstention. 

Des différences entre les deux élections

Nous évoquions les indécis et l'abstention mais il y a une chose très différente entre 2002 et 2017, c'est qu'hier on expliquait l'abstention par la certitude pour les électeurs que l'affiche du second tour était déjà faite, par les sondeurs notamment. On savait qu'on aurait le même match qu'en 1995, Lionel Jospin contre Jacques Chirac. Ce n'était pas très excitant, d'autant que l'un était à l'Elysée, l'autre à Matignon depuis 1997. Deux sortants, un premier tour quasiment joué d'avance et sans grand intérêt.

Les sondeurs le disaient, l'état de l'opinion semblait le refléter, mais les hommes politiques l'affirmaient aussi. Noël Mamère, "petit "candidat écologiste, quelques jours avant le premier tour : "On va vous faire croire que Jospin est menacé de ne pas être présent au deuxième tour. C'est encore un peu plus prendre les Français pour des imbéciles et les envoyer sur les extrêmes. Jospin sera le candidat au deuxième tour face à Chirac, alors ne vous inquiétez pas !"

Ne vous inquiétez pas ! Effectivement, nombre d'électeurs se sont tournés vers des plus petits candidats, en retrait dans les sondages, ou se sont abstenus. Beaucoup d'électeurs ont pensé qu'ils attendraient le second tour pour voter, mais celui-ci n'a pas réellement eu lieu car Le Pen-Chirac était un second tour très atypique, un peu tronqué, sans débat entre les deux tours.

En 2007, on a d'ailleurs eu une participation extraordinaire au premier tour (presque 84%), une sorte de rebond de 2002 car les Français ne voulaient pas se faire voler leur élection. S'il y a bien une leçon à retenir de 2002, c'est celle-ci.

Cette élection de 2017 ne ressemble à aucune autre. Il y a plein d'éléments que l'on n'avait jamais vu. Par exemple, le président de la République ne se représente pas : De Gaulle s'était représenté en 1965, Giscard en 1981, Mitterrand en 1988, Chirac en 2002, Sarkozy en 2012. Pas toujours avec succès, certes.

A droite comme à gauche, les candidats des deux partis de gouvernement, issus de primaires censées donner de la force à leur campagne, à l'image de celles organisées aux Etats-Unis, sont affaiblis. Benoît Hamon est très loin dans les sondages, François Fillon est très contesté y compris dans son propre camp. Autrement dit, les deux primaires n'ont pas eu l'effet escompté.

Il y a aussi des affaires, très importantes et récurrentes, à un niveau probablement jamais atteint durant la Ve République : mise en examen pour François Fillon, demande d'immunité levée pour Marine Le Pen... On a également un renouvellement politique incroyable : songez que La France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, ne date que de février 2016 ; quant à En Marche !, il a été lancé en avril 2016, il y a à peine un an.

Enfin, on a quatre candidats dans un mouchoir de poche à seulement quelques jours du vote. C'est vraiment très atypique : le second tour va se jouer de manière serrée entre quatre candidats, et pourtant, les électeurs hésitent à aller voter. En 2002, les gens avaient hésité car l'affiche semblait donnée. On voit bien combien cette campagne de 2017 est particulière. D'où la difficulté qu'auront les sondeurs pour donner l'affiche du second tour dès 20 heures ce dimanche, avec des résultats qui pourraient encore réserver bien des surprises.

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