Hassan II définit la relation entre son pays et la France: une "atmosphère passionnelle" (1962)
Retour en janvier 1963. La mythique émission "Cinq colonnes à la Une" est consacrée au Maroc du jeune roi Hassan II qui a succédé à son père Mohamed V deux ans plus tôt. Ce portrait paradisiaque du Maroc, où les femmes se dévoilent et écoutent de la musique, où les instituteurs n’ont pas besoin de faire la discipline et les ouvriers sont heureux de travailler avec des français, s’achève par une question qui intéresse tout particulièrement les téléspectateurs français…Hassan II:
"Je pense que, à partir du moment où nous nous sommes bien connus, où nous nous sommes bien disputés mais loyalement disputés...Nous avions donc tous les élements qui peuvent composer une sorte d'atmosphère un peu passionnelle...Un cadre pour coopérer, car on s'enthousiasme pour les mêmes choses, et on oeuvre pour les mêmes choses. "
"Atmosphère passionnelle", notamment parce que le Maroc reproche toujours et encore à la France d’avoir cédé à l’Algérie à l’époque française des territoires qu’il considère marocains dans le Sahara. Mais Hassan II est l’ami de la France. Il faut dire que le maintien de bonnes relations avec le Maroc est capital pour le général de Gaulle. La France est rejetée par l’Algérie indépendante, en froid avec l’Egypte de Nasser depuis la crise de Suez de 1956 et bousculée par la Tunisie de Bourguiba…Et Hassan II a besoin du soutien de la France à un moment où les monarchies arabes sont fort contestées.
Alors rien n’est trop beau pour le royaume chérifien. Fin juin 1963, Hassan II est reçu en grandes pompes en France par le général de Gaulle:
"Ici, vous êtes, Sir, par excellence, le bienvenu ! "
Deux ans plus tard, le ciel des relations franco-marocaines s’assombrira après l’enlèvement et la mort à Paris de l’opposant d’Hassan II, Ben Barka. De Gaulle s’emporte contre le roi du Maroc et le procès organisé en septembre 1966 à Paris pointe la responsabilité de la monarchie. Mais les intérêts de la France au Maroc sont trop forts et les tensions s’apaiseront bientôt.
Régulièrement des crises diplomatiques viendront rythmées les relations entre nos deux pays, mais dans cette "atmosphère passionnelle", la raison l’emporte toujours. En témoigne la visite de Mohamed VI aujourd’hui à l’Elysée.
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