Flic ou voyou ? Un grand flic sur le banc des accusés (1973)
Retour à la fin du mois de novembre 1973. Depuis quelques années, la police lyonnaise traque le fameux Gang des Lyonnais qui multiplie les braquages dans la région. Mais le procès qui se tient à Dijon place sur le banc des accusés un brillant commissaire de la police judiciaire de Lyon, Charles Javilliey. Et ce sont les méthodes de la police qui sont mises en accusation. Jean-Pierre Berthet présente le Journal de 20H sur la Première chaîne:
"Le magistrat reconnaît l'utilité pour les policiers d'avoir des informateurs dans le milieu, mais il reproche à Javilliey d'en avoir tiré un profit personnel. La plus lourde présomption qui pèse, en fait, sur Javilliey, c'est les 2 mois de vacances qu'il a passés en 67 et 68 dans une villa de la Côte d'Azur, louée par Jeannine Dulac, la fameuse tenancière du Fetich' Club..."
Deux mois passés dans la villa des tenanciers du Fetich Club, qui étaient par ailleurs informateurs de Javilliey.On croirait entendre les débats qui entourent le procès actuel de Michel Neyret (ou encore le scénario d'un film français des années 1970!).
Javilliey comme Neyret, avait jusqu'alors une exceptionnelle réputation forgée par de très bons résultats obtenus depuis le début des années 1960. C’est lui qui, passé du grade de commandant à celui de commissaire, avait créé un groupe appelé "pénétration du milieu" au sein du groupe de répression du banditisme (GRB). En tissant des liens avec le milieu, le groupe élucida de nombreuses affaires, aboutissant à des dizaines d’arrestations chaque année.
Oui mais voilà, ce qui était permis au mépris de loi mais au nom des résultats ne l’est plus au milieu des années 1970. Pour certains, c’est le fait des "juges rouges", ces juges prétendument de gauche qui voulaient en finir avec ces pratiques. Pour d’autres, l’affaire du Fetich Club a été soigneusement divulguée par le milieu, l’arrestation de Javilliey faisant les affaires du milieu lyonnais et de son parrain, Jean Augé, dit "Petit-Jeannot."
Condamné et incarcéré, l’ex commissaire Javilliey est finalement relaxé en appel en 1974. Un an plus tard, sa carrière brisée, il prend la parole, défendant ses méthodes.
"Depuis quelques années, certains services de police semblent être moins efficaces qu'auparavant. Il y a quelques années, existait une machine parfaitement au point qui marchait comme sur des roulettes. On a détruit ce système volontairement au nom de certains principes, de crainte de voir la police se compromettre par des relations qui étaient utiles avec les truands. Et maintenant, on arrive à un point où ce sont les truands qui font la loi."
Mais que se passe-t-il si le policier pour arrêter le truand devient lui-même un truand ? 40 ans plus tard, c’est également l’un des enjeux du procès de Michel Neyret.
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