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3 juin 1983: des policiers manifestent contre le "laxisme" de la gauche

Au cri de "Badinter démission", des milliers de policiers crient leur colère contre une justice qu'ils accusent de se trouver dans le camp des coupables plutôt que dans celui des victimes.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 3 juin 1983, le jour des obsèques de deux policiers Emile Gondry et Claude Caiolla tués par des cambrioleurs qu’ils avaient pris en flagrant délit avenue Trudaine dans le 9ème arrondissement de Paris. Un troisième policier est également blessé par balle. Des cambrioleurs qui en fait se révéleront être des membres d’Action Directe.L’ambiance est, on l’imagine, très lourde dans la cour de la Préfecture de Police de Paris où 2000 policiers assistent aux obsèques de leurs deux collègues policiers, en présence du ministre de l’Intérieur Gaston Deferre.

Policiers en colère

Mais les policiers sont en colère, en colère contre la gauche et son ministre de la justice Robert Badinter, le symbole selon eux du laxisme. L’amnistie d’août 1981, l’abrogation de la peine de mort,  la suppression de la loi anticasseur ou la disparition des quartiers de sécurité renforcés dans les prisons ulcèrent une grande partie des policiers.

La mort de deux d’entre eux est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de leur colère.

Une première manifestation se déroule dans le calme. Mais dans l’après-midi, à l’appel de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FFPIP), un syndicat d’extrême droite (en atteste la présence de Jean-Marie Le Pen), 2500 policiers se rendent dans le silence Avenue de Trudaine puis se déchaînent en approchant du ministère de la Justice:

 

Une délégation est reçue par le directeur de cabinet de Robert Badinter. Une vingtaine de minutes plus tard, ils en ressortent, en tête Didier Gandossi, le secrétaire général de la FPIP: "La FPIP constate avec une douloureuse colère que la vie des policiers, chargés de la tranquillité publique, est moins bien défendue que la vie des assassins récidivistes et que celle de ceux qui se proclament les ennemis de la société"

 

Pour l’Etat, cette manifestation non déclarée et la présence de policiers avec leurs armes de service est gravissime. Certains ministres parlent de "sédition". Le directeur général de la Police est renvoyé et les leaders syndicaux durement sanctionnés.

Mais 32 ans plus tard, les tensions entre police et justice n’ont pas pour autant disparu.

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