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1985, les "gueules jaunes" de la Meuse ne descendront plus à la mine

La fermeture des mines a été un événement dramatique en Lorraine, une région qui a longtemps vécu au rythme de la minette, le minerai de fer de la région.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Thomas Snégaroff © Christophe Abramowitz)

Retour en octobre 1953, date de la création de l’entreprise Lorraine-Escaut née de la  fusion des aciéries de Longwy, des entreprises Escaut-et-Meuse et Senelle-Maubeuge, des Tubes de Bessèges et des mines de Jarny:

"La proximité de la mine et de l'usine, l'une alimentant l'autre, permet parfois en un coup d'oeil d'embrasser la destinée de ce minerai sans éclats, aliment quotidien de la sidérurgie."

A l’époque, la sidérurgie lorraine va plutôt bien. La minette, le minerai de fer de Lorraine, fait alors vivre des dizaines de milliers de famille directement et encore bien davantage indirectement.

La reconstruction de la France et la naissance de la Communauté du charbon et de l’acier lancée en 1951 entraînent un boom de la demande d'acier, les marges sont bénéficiaires, on investit, on modernise, et même on exporte…

Mais bien rapidement, cette parenthèse enchantée s’achève.

Début de la fermeture des mines

La demande ralentit fortement dès le début des années 1960, les syndicats s’opposent à toute restructuration et le développement de Dunkerque et Fos-sur-Mer stimulent l’importation de minerai de fer bien moins cher, même quand il arrive de l’autre bout du monde. Dans les années 1970, la crise de la demande est telle que la viabilité de la sidérurgie lorraine n’est plus assurée.

Les premières mines commencent à fermer, à l’image de celle d'Amermont-Dommary dans la Meuse. Cette mine, ouverte en 1909 était aussi l’une des plus productives de Lorraine, mais aussi l’une des plus profondes et donc des plus dangereuses qui lui valait le surnom de  mine rouge. Rouge comme le sang des mineurs qui y ont laissé la vie par centaines. FR3 Lorraine, octobre 1985:

"Fin octobre, il ne restera plus que 20 "gueules jaunes" pour assurer le démontage des installations. Pour cette commune qui ne comprend pas d'autres entreprises, c'est un coup dur. La CGT y organise des actions. Le déversement, par exemple, d'un convoi de minerai mauritanien..."

Quelques années plus tard, en 1993, fermera la dernière mine de fer de Lorraine. La fin d’une histoire industrielle, mais aussi sociale et culturelle dont la région peine à se relever.

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