1954: le SEITA lance des paquets de cigarettes "attrayant" pour attirer les fumeurs
Retour en mars 1954, c'est un grand jour pour le SEITA (Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes), devenu par la suite " La " SEITA. Son directeur général, Pierre Grimanelli, annonce avec fierté trois nouveautés : La Gauloise Disque Bleu, la cigarette EGEE, et la cigarette Air France. Et ce ne sont pas les qualités gustatives qu'il met en avant:
Journaliste: "Est-ce qu'on peut savoir à quoi correspondent toutes ces nouveautés ?"
Pierre Grimanelli: "Et bien elles correspondent au désir d'améliorer d'une façon continue la présentation des produits de la régie et à tenter le consommateur par une présentation attrayante..."
Une "présentation attrayante" qui doit "tenter" le consommateur. Bref, un paquet qui attire. A l’époque, les adultes, surtout les hommes, fumaient deux fois plus qu’aujourd’hui. Et si les méfaits sur la santé n’étaient pas ignorés, la cigarette n’était pas encore considérée comme un poison et aux Etats-Unis, certains médecins n’hésitant pas à faire de la publicité pour des marques!
Publicités interdites en France par la loi Evin votée en janvier 1991. Une loi qui de plus impose la présence de la mention "Nuit Gravement à la Santé" sur les paquets (ce sera le cas dès 1993) et l’indication de la teneur en nicotine et en goudron. Enfin, les moins de 18 ans n’ont plus le droit d’acheter des cigarettes…
Et pourtant un mois plus tard, en février 1991...
Journaliste : " A peine lancée, la petite dernière de la SEITA a déjà trouvé son public."
Buraliste : "Ca marche très fort depuis ce matin que nous avons été livrés, les jeunes se procurent cette cigarette pour voir ce que c'est. C'est surtout les lycéens qui sont juste à côté."
Journaliste : "Même pour un non-fumeur, l'objet du délit est attirant. Plus qu'une cigarette, c'est un mode de vie, Chevignon, c'est la marque de vêtements branchée."
Sur fond de guerre entre Michel Charasse, le ministre du Budget bigrement intéressé par les recettes fiscales du tabac, et Claude Evin, ministre de la Santé davantage intéressé par la santé publique, la Chevignon sera rapidement retirée du marché. Au grand dam des buralistes.
Ils ignoraient alors que quelques années plus tard, une autre ministre de la Santé irait bien plus loin en cherchant à imposer un paquet dénué de tout marketing.
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