La face cachée du château de Versailles : 35 kilomètres de canalisations souterraines pour alimenter les bassins
Le Château de Versailles a fêté ses 400 ans l’an dernier et accueillera les épreuves équestres lors des Jeux olympiques. Dans ses rangs, une armée de petites mains qui prennent soin du mobilier, des jardins, des souterrains, car garder ce patrimoine en l’état est un défi quotidien. On prend une petite porte dérobée dans un coin des jardins du Château de Versailles, avec Gilles Bultez, responsable du service des eaux et fontaines, chef fontainier, du Château de Versailles. Il faut baisser la tête, la hauteur sous plafond étant limitée.
"Vous sentez ? Il fait un plus frais en été et c'est appréciable de descendre dans les galeries", se réjouit Gilles Bultez. Derrière un premier mur, on voit un immense réservoir, plus grand qu'une piscine olympique, 66 mètres de long, 17 mètres de large, qui stocke près de 2,5 millions de litres. Il n’a pas changé depuis l’époque de Louis XIV. "Les murs, les maçonneries… Tout est resté dans leur jus", explique-t-il. Ici, à six mètres de profondeur, il y a 35 kilomètres de canalisations. C'est un immense labyrinthe de galeries voûtées en pierres de taille. Sous le jardin, Gilles Bultez surveille le moindre bruit bizarre, traque la moindre fuite et fait en sorte que les jets d'eau aient les bonnes amplitudes souhaitées lors des spectacles des Grandes Eaux Musicales qui ont lieu chaque année jusqu'au mois d'octobre.
Sous le bassin de Latone dessiné en 1665
"C'est extraordinaire de voir que même un système de l’époque Louis XIV fonctionne encore parfaitement", s'enthousiasme Gilles Bultez. "Vous voyez, ça ne fuit pas alors que c'est le boulonnage Louis XIV", ajoute-t-il.
Dans ces souterrains, mieux vaut ne pas être claustrophobe. Certaines galeries sont très étroites, il faut marcher le dos courbé et la tête baissée, cheminer à travers les tuyaux, marcher dans la boue, dans quelques flaques d’eau et braver l’humidité. "Avant, j'avais un fontainier qui n’aimait pas trop marcher dans les galeries et qui n’aimait pas les araignées", sourit Gilles Bultez, avant de s’arrêter sous le réservoir du bassin de Latone.
Le bassin de Latone a été dessiné en 1665 par Jules Hardouin Mansart. En dessous, il cache une salle voûtée en pierre de taille qui abrite une triple couronne de canalisations en fonte avec 70 tuyaux en rayons, comme des pattes d'araignée. Ils alimentent les bassins et les fontaines du parc par gravitation. Ces tuyaux sont tous d'époque, comme le prouvent les fleurs de lys qui sont gravées dessus. "Ce bassin de Latone, c'est la clé de voûte du réseau hydraulique de Versailles. S’il ne fonctionne pas, on ne peut pas mettre en eau correctement les autres bassins", détaille Gilles Bultez.
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