Expliquez nous... le massacre de Sétif
Le massacre de Sétif c'est l'autre 8 mai 1945. Celui que la France a occulté pendant des années. Une manifestation qui tourne à l'émeute, et le début d'une série de répressions qui va durer trois mois.
Ce jour-là, une manifestation a lieu dans cette ville du Constantinois pour célébrer la fin de la Seconde guerre mondiale. A l'époque l'Algérie est Française et les Algériens qui descendent dans les rues de Sétif ont des revendications propres à l’Algérie. Ils réclament la fin du colonialisme, et la libération d'un leader nationaliste, Messali Hadj, arrêté quelques semaines plus tôt.
Drapeau interdit
Cette manifestation est "autorisée " sous plusieurs conditions : elle ne doit pas être "politique", et on ne doit voir aucun drapeau à part ceux de la France et de ses alliés. Pourtant, devant les 10.000 personnes rassemblées, un jeune homme brandit le drapeau algérien. Début d'une bousculade. Un autre garçon s'empare du symbole vert-rouge-blanc. Il est tué par la police. Les Européens présents se mêlent à la confusion, et le rassemblement tourne à l'émeute.
Le mouvement atteint ensuite les villages alentours, notamment Guelma et Kherrata. L'armée intervient. La répression dure jusqu'au mois de juillet. Ces évènements sont considérés comme les prémices de la guerre d'Indépendance.
Le bilan est très difficile à établir. Dès 1945, les Algériens avancent le nombre de 45.000 morts. Chiffre revue à la baisse après une commission d'enquête : de 8.000 à 10.000 morts. Les historiens parlent de 15.000 à 20.000 victimes. Juste après les évènements, la France a évoqué moins de 1.000 morts algériens. Côté Européens, on compte entre 102 et 110 morts.
Un ministre français en Algérie
Le massacre de Sétif a longtemps été passé sous silence par les autorités françaises. Pas de reconnaissance officielle de la France. Le massacre a eu lieu en 1945, et il a fallu attendre 2005 pour une première phrase. Le 27 février 2005, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, parle de "tragédie inexcusable". En 2008, son successeur condamne ces massacres. Et puis en 2012, François Hollande reconnaît "les souffrances que la colonisation a infligé", sans évoquer directement Sétif.
Le déplacement d’hies est perçu comme un "geste" de la France, un pas de plus, mais un "tout petit pas", selon l'Algérie. Certes, pour la première fois, un membre du gouvernement français s’est rendu dans le pays en vue commémorations. Mais ce n'est pas non plus une repentance. Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, y est allé avant la date-anniversaire, pour raison de "calendrier". Selon certains historiens, c’est une façon de ne pas "franchement entrer dans cette histoire du passé ". L'Algérie demande toujours des excuses officielles.
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