Expliquez-nous le logiciel CrowdTangle

Le géant des réseaux sociaux Meta a confirmé qu'il allait supprimer CrowdTangle le 14 août prochain. CrowdTangle est un outil qui permet de lutter contre la désinformation sur Facebook et Instagram. Ce logiciel est un outil de veille racheté par Meta il y a huit ans. Il fonctionne comme une sorte de tableau de bord sur lequel on peut analyser en temps réel comment circule un message sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram et Reddit : combien de fois il est partagé, qui le commente, etc. Il est utile pour repérer tout de suite les sujets particulièrement viraux.

Au début, CrowdTangle était surtout utilisé par des entreprises pour mesurer la performance de leurs publications sur les réseaux sociaux, en mesurant le nombre d'interactions, le nombre de vues et la diffusion des contenus, en identifiant les comptes influents qui publient et relaient des publications. Mais des journalistes et des chercheurs s'y sont aussi rapidement mis pour repérer et analyser les fausses informations en ligne. Un outil jugé aujourd'hui essentiel.

L'efficacité démontrée du logiciel 

Cet outil a donc permis de repérer des fake news, des théories du complot, ou des fausses informations pilotées depuis l'étranger. En 2019, par exemple, lors des élections en Louisiane, de mauvais horaires d'ouverture des bureaux de vote circulaient sur les réseaux. CrowdTangle a permis de repérer ce problème. Deux ans plus tard, lors de l'élection présidentielle. Donald Trump crie à la fraude électorale, le logiciel identifie une vague de messages complotistes juste avant l'invasion du Capitole. En France aussi, grâce à CrowdTangle, des journalistes montrent comment l'extrême droite s'appuie sur les réseaux en relayant, par exemple, des messages antivax.

Meta veut supprimer cet outil pour des questions de sécurité et de confidentialité. C'est en tout cas ce que dit la firme américaine. Le groupe assure qu'un nouvel outil, encore plus efficace, va voir le jour, mais les chercheurs et les journalistes ne sont pas du même avis. Dans une lettre ouverte, ils sont des dizaines à dénoncer une "atteinte au principe fondamental de transparence". Selon eux, c'est une "menace directe" pour la démocratie à quelques mois des élections présidentielles aux États-Unis et alors pas moins de 76 pays organisent une élection en 2024, du Mexique au Venezuela en passant par l'Inde. Une décision qui interpelle, le groupe Meta étant accusé depuis des mois de jouer un rôle dans la désinformation.