Le Conseil national de la refondation : un nouveau "machin" ?
Le Conseil national de la refondtion a comme objectif d'associer les citoyens aux décisions politiques. Mais au vu des premières déclarations, ne s'agit-il pas d'un nouveau... "machin" ?
Un machin, oui, pour reprendre le mot poétique du Général de Gaulle à l’endroit de l’ONU ! Alors, qu’est-ce donc que ce "Conseil national de la refondation", annoncé vendredi 3 juin par le président de la République, clin d’œil ambitieux au Conseil national de la Résistance ? C’est, Olivia Grégoire, la porte-parole du Gouvernement, qui nous en précise la composition :
"La façon dont nous allons pouvoir avec l'ensemble des parties prenantes de notre pays - je pense évidemment aux partis politiques, mais je pense aussi aux organisations syndicales, je pense aux associations, je pense aux forces vives, à ces parties prenantes. Je pense aux élus locaux, évidemment, des territoires qui ont aussi été mentionnés - nous associer tous ensemble".
Voilà, une concertation, donc, entre : "partis politiques, syndicats, associations, forces vives et élus locaux". Bon… pourquoi pas ! Pourquoi pas à ceci prêt que cela nous rappelle tout de même une autre institution : le Conseil économique, social et environnemental, le CESE, qui est précisément chargé d’associer les associations, les syndicats et les forces économiques aux décisions politiques. Et si l’on n’entend pas souvent parler du CESE… c’est parce qu’il est rarement écouté par le pouvoir !
Le Conseil national de la refondation, voulu par Emmanuel Macron, "n'est pas un désaveu du Parlement", assure @OlivierVeran. Son principe sera "de partager les bons diagnostics" pour "proposer des solutions dans le cadre programmatique du président". #le79Inter pic.twitter.com/8I6fSS12PU
— France Inter (@franceinter) June 8, 2022
Pourquoi, alors, ce nouveau conseil ? C’est une question que l’on peut se poser… Mais attendons ! Peut-être le Conseil national de la refondation a-t-il une véritable raison d’être… "Le Conseil national de la refondation voyez-le plus comme une méthode que comme une structure", détaille Olivier Véran, le ministre chargé de notamment de la vie démocratique.
Mettre en œuvre une "nouvelle méthode" : voilà donc cette raison d’être, qui a été répété ad nauseam par les deux ministres concernés, ainsi que par Emmanuel Macron d’ailleurs pendant toute la campagne ! Mais, en quoi consiste-t-elle exactement, cette nouvelle méthode ? "L'objectif du CNR sera d'associer toutes les parties prenantes. Pour adresser ensemble les grands défis auxquels nous devons répondre, en considérant,encore une fois, à chaque fois, le volet local et territorial de la déclinaison des réformes"
Voilà, donc je crois que c’est clair… ou pas. Dans cette phrase, sinon annoncer que le gouvernement va faire de la concertation (ce que tous les gouvernements annoncent toujours), il n’y a pas le début du commencement d’un contenu apporté à cette fameuse nouvelle méthode.
Aucune information précise ? Non. Les deux ministres se sont contenté d’aligner des concepts politico-administratifs flous, qui ne sont rien de plus que de grandes déclarations d’intention. Mais, au détour d’une formule, et sans le vouloir, je crois malgré tout qu’Olivier Véran nous a révélé le véritable objectif de ce Conseil…
"C'est quoi le principe? C'est être capable de partager des diagnostics et d'être capable de poser un certain nombre de problèmes ou d'objectifs. Ça veut dire qu'il y aussi un partage des contraintes, par l'ensemble des acteurs, qu'ils soient dans les territoires ou au niveau national, pour mieux expliquer les processus de décision de politique publique aux Français."
Olivier Véranfranceinfo
Alors, là, il faut brancher le décodeur. "Partager un diagnostic et poser un certain nombre de problèmes ou d’objectifs" : ça ne veut rien dire, sinon la mise en place d’une forme de dialogue. En revanche, ce qui vient ensuite, ça a du sens : "y’a aussi un partage des contraintes par l’ensemble des acteurs, pour mieux expliquer les processus de décision de politique publique aux Français". Faire comprendre les contraintes qui pèsent sur les décisions de politique publique. Ça a l’air compliqué, mais cela peut être résumé en un mot. Le rôle de ce conseil, ce sera de faire… de la pédagogie ! D’expliquer pourquoi le gouvernement prend les décisions qu’il prend.
Décider seul dans son coin
Expliquer… et absolument pas co-construire ! D’ailleurs, Olivier Véran s’en rend compte : immédiatement après, il ajoute "et par ailleurs mieux associer les citoyens" . On sent bien que ce n’est pas le cœur du propos. Bref, nous verrons bien ce que cela donnera, mais pour l’instant, cette nouvelle méthode ressemble fort à l’ancienne pratique de la concertation. Le gouvernement laisse dialoguer, écoute… et décide tout seul.
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