En un mot. Une nouvelle production à New York : "Le Proc, le porc et l'avocat"
Le mot de l'actu du jour est : Weinstein. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.
Weinstein. Mot qui vient de lui-même. Harvey Weinstein, né en 1952 dans le Queens, producteur, trois palmes d’or, deux Oscars, 10 millions de dollars de caution, une journée de fou.
Il est 13h24. La circulation devant le poste de police de Manhattan est interrompue. Un gros 4x4 arrive. Il est 13h30. Un homme au crâne rasé sort du véhicule. La porte arrière s’ouvre. Un homme en pull bleu se glisse dehors avec peine. Il demande vers où aller. C’est Harvey Weinstein. On lui montre la direction. Avec une veste noire et trois livres dans les mains, il semble esquisser un petit sourire. Le pas mal assuré, son visage émet des rictus. Son pas est lent et lourd. Cet homme porte un visage de cire barré de cernes. Il a pris 10 ans. Il est blême. Il est déchu. Il avance difficilement. L’homme au crâne rasé l’aide, en passant une main sur son dos. Harvey Weinstein trébuche presque en franchissant la porte du commissariat de Manhattan. "Harvey ! Harvey !", crient quelques journalistes. On entend l’un d’eux : "Harvey ! Qu’avez-vous à dire sur les allégations de Lucia contre vous datant de 2004 ?" Harvey a disparu, aspiré par l’antre policière. Aspiré par sa vie d’abuseur et de violeur présumé. On attend. On sait que des choses ont été négociées. "A package" ("une caution", en français) à un million de dollars, nous dit-on. Ce sera 10 millions. On attend.
Il ressort. Terrible image. Les mains sont menottées dans le dos. Les menottes sont cachées sous les manches, mais c’est presque pire. Il est entravé, le torse en avant. Prêt à basculer. Est-il en train de sourire ? Le soleil l’a-t-il ébloui ? Il sourit. Ça fera sans doute la "Une" de la presse demain. Tout comme le communiqué de la police qui est diffusé. Une police qui écrit : "Aujourd’hui, Harvey Weinstein a été arrêté, interrogé et inculpé de viol et d’acte sexuels criminels, accusé par deux femmes." Et la police de remercier - je cite - "les survivantes qui ont eu le courage de parler, haut et fort". Le procureur, qui n’a pas pu aller au bout dans "l’affaire DSK" en 2011 et qui a raté Weinstein en 2015, a tapé fort. Il a commencé le boulot. Pour commencer, ce sera 10 millions de dollars de caution, dont un million cash. Pour la suite, on verra. Le sang va couler.
En un mot : la guerre est à présent déclarée entre ce procureur et l’avocat du producteur hollywoodien. À dater d’aujourd’hui, un nouveau film se tourne. Son titre : Le proc, le porc et l’avocat.
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