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En route vers Paris 2024. Danser pour mieux "s'escrimer"

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo en 2020. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau. Aujourd'hui, un cours de danse contemporaine avec le collectif. 

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Une partie du collectif France lors du cours de danse contemporaine. (NOUTCHA)

Travailler sa technique en séance d'assauts, sa tactique à travers des vidéos, son physique avec des exercices de musculation évoquent des activités simples et indispensables pour progresser. Mais danser a tout d'une activité plus originale pour passer un cap dans notre pratique d'escrimeuse.

Yoga, danse, auto-massages pour améliorer les performances et l'assise

La danse joue dans les détails. On ré-apprend à bouger sa carcasse, à utiliser toute son allonge, sa finesse, son ossature et non plus simplement sa musculature déjà sursollicitée par l'activité sportive quotidienne.

Les cours de danse de Christine Caradec, artiste chorégraphique, commencent toujours de la même façon : un auto-massage des pieds pour pouvoir mieux palper le sol et un long passage sur le plancher pour délier notre corps. "Serpentiner" au sol permet d'avoir un équilibre accru au moment de passer en position debout.

Notre danseuse nous apprend à respirer avec l'ensemble du corps et pas simplement avec nos poumons. Le mot "centre" résonne souvent lors de ses séances. Le centre se situe au niveau du ventre, du dos et du diaphragme. Respirer dans notre dos et bailler durant son cours sont deux activités appréciées par Christine, car synonymes d'un diaphragme qui se libère.

"On apprend à mieux vivre ensemble"

À travers la danse contemporaine, j'ai appris à entrer en contact avec les corps de mes coéquipières, à comprendre leurs zones de tension, à les toucher avec douceur, sans gêne ni pudeur. À nos débuts, toucher les pieds de sa compatriote, la porter, lui masser le crâne, sentir nos corps s’entremêler au sol, pouvaient nous perturber. Cette inexpérience et nos croyances avaient tendance à nous bloquer.

Après quatre ans de pratique, quel bonheur d'entendre une de mes collègues me demander de lui dénouer une tension à l'entraînement ou en compétition. On apprend à mieux vivre ensemble. Si parfois certaines crispations ne s'expriment pas par les mots, la magie du corps qui danse, qui bouge, permet de faire ressortir un stress, une fatigue, une préoccupation.

De tels instants peuvent paraître bizarre pour des non-initiés, mais une poésie ressort de ces sessions de danse. Le regard de l'autre importe peu. On vit l'expérience, on ne cherche plus à la réciter ni à la contrôler.

Il est très facile de faire le parallèle entre la danse et l'escrime. Aller jusqu'au bout d'un geste, d'un mouvement sans craindre le regard de l'autre nous permet d'habiter un corps plus grand, plus long, plus souple et peut apporter les quelques centimètres supplémentaires pour porter l'attaque victorieuse.

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