En randonnée sur le GR 20 en Corse : "Quand vous voyez le slip rouge, c'est que vous êtes arrivés"
Cet été, franceinfo vous emmène sur les chemins de randonnée partout en France. Impossible de ne pas emprunter le mythique GR 20, l'un des plus difficiles d'Europe, qui traverse la Corse du nord au sud. Un sentier où l'on se donne des défis, où l'on vient couper ou au contraire réfléchir avant de prendre de grandes décisions.
Sur le mythique GR 20 corse, on ne cesse d'être fascinés par la beauté des paysages montagneux. Mais l'horizon se fait parfois beaucoup plus restreint, quand on se détourne du GR, pour emprunter un petit chemin détourné, au cœur d'une forêt, le long d'une rivière.
"Le GR 20, ou ça tisse les liens ou ça les casse"
C'est là qu'on croise deux Corses. Pour Jean-Noël, 65 ans, "on est bien mieux ici, en montagne, qu'au bord de mer". "On ne se dispute pas la serviette, déjà !", ajoute son ami, Loulou, 66 ans. Avant de les quitter, Jean-Noël nous conseille de ne pas aller trop vite. "Chi va piano va sano, et chi va sano va lontano", comme dit le proverbe. Pour trouver une bergerie, bien connue de ce randonneur, c'est simple.
Le repère, vous ne pouvez pas le louper ! Quelqu'un a perdu deux fois une chaussette et une fois un slip rouge. Quand vous le voyez, vous êtes arrivé.
Un randonneur, bon connaisseur du GR 20à franceinfo
Effectivement, juste derrière le slip rouge, la bergerie de Tolla, refuge de passage pour les marcheurs. Henri Graziani, le berger, vend son fromage et sa charcuterie aux randonneurs. Il s'apprête à entamer la transhumance et à faire grimper les chèvres dans les montagnes. "Vous savez, il y a des divorces sur le GR 20", glisse-t-il. "Des gens arrivent en couple, et ils repartent tout seuls. Le GR, ou ça tisse les liens ou ça les casse !"
"Un voyage initiatique", "un challenge personnel"
Posés sous un châtaigner, autour d'une tomme de brebis, un groupe de randonneurs s'est constitué au fur et à mesure des rencontres le long du sentier. "C'est un peu un voyage initiatique, on est tous là pour des raisons hyper différentes, pour des questionnements X ou Y", explique l'un d'entre eux. "Moi, pour la petite histoire, j'ai passé les concours d'écoles de journalisme. Et je me pose la question : 'est-ce que je fonce ou est-ce que je garde mon CDI parisien ?'"
"Moi, c'est un challenge personnel, surtout après l'année qu'on vient tous de passer", raconte une autre. "Il y a un besoin d'être dehors, et longtemps." "Besoin de déconnecter, j'ai un poste à responsabilités qui m'a pris beaucoup de temps pendant la période de crise", explique un troisième, non loin du burnout.
J'ai une maladie un peu longue, et c'est un peu l'occasion de me dépasser et de tourner la page. Ca ne répare pas les chevilles et les genoux mais intérieurement, c'est très ressourçant.
Un jeune randonneurà franceinfo
Xavier, 55 ans, corse, accompagnateur en montagne, "pense à [ses] anciens qui ont emprunté ces sentiers depuis des centaines d'années. Et quand on est dessus, on essaie de faire partager, faire découvrir déjà notre passion de la montagne, de la nature, mais surtout nos coutumes, nos savoir-faire. À travers la randonnée, on essaie de faire passer ces messages-là."
Il est temps de quitter la bergerie, et de reprendre la route, direction l'arrivée du GR, à Conca, au sud-est de l'île.
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