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Syrie : des photos de civils torturés par le régime de Bachar el-Assad publiées par un ancien geôlier

Ce lanceur d'alerte, déserteur de l'armée syrienne, était chargé de photographier les cadavres éxécutés après avoir été soumis à de nombreux sévices. Il a transmis ces clichés à un média d'opposition. 

Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des soldats de l'armée nationale syrienne à Alep, le 5 juillet 2022. (BEKIR KASAM / ANADOLU AGENCY)

Ces images prisent à l’intérieur d'une prison d'Alep, la deuxième ville de Syrie, sont tout simplement insoutenables. Des cadavres décharnés, couverts de bleues,  des visages tellement tuméfiés qu’ils sont méconnaissables. Ces photos de civils morts sous la torture du régime de Bachar el-Assad ont été remises par un déserteur de l’armée syrienne à un média d’opposition, puis diffusées sur internet. Près de 800 personnes ont ainsi été photographiée.

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Le lanceur d’alerte est un ancien geôlier de la prison d’Alep. Abou Ahmed, un pseudonyme, était chargé de photographier les cadavres, le plus souvent des prisonniers politiques exécutés par des soldats du régime de Bachar al-Assad. Un ancien détenu rescapé, témoin de ces exactions, raconte à franceinfo :  "J’ai vu beaucoup de camarades se faire torturer. Et moi aussi, ils m’ont torturé. Ils nous frappaient avec des barres de fer et des câbles électriques. Il y en a à qui ils brisaient les membres. Certains ont étaient exécutés par balle, d’autres sont morts de faim, car il ne nous ne donnaient rien à boire ni à manger."

De nouvelles preuves pour un éventuel procès

Des témoignages difficiles comme celui-ci émergent depuis plusieurs années. Les crimes sont connus, mais les documents qui prouvent les exactions du régime d’Assad restent très rares... et donc très importants. D’abord pour les familles des victimes :  plus de 110 000 personnes ont disparu dans les geôles du régime depuis le début de la guerre civile il y a 11 ans. Pour leurs proches, ces photos permettent de savoir enfin ce qu’il est arrivé à un frère, un mari, un fils … Et d’en faire peut-être le deuil, après des années de recherche.

Mais surtout, ces photos constituent des preuves des crimes commis par le régime syrien. Et pour les défenseurs des droits de l’Homme, elles font renaître l’espoir de voir un jour les responsables de ces massacres devant un tribunal. Pas en Syrie bien sûr, mais dans un autre pays. C’est arrivé cette année en Allemagne : pour la première fois, un haut gradé du régime syrien y a été condamné à la prison à perpétuité, pour "crime contre l’humanité".

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