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Liberté de la presse : la situation en Grèce ne cesse de se dégrader

Depuis l'arrivée au pouvoir d'un premier ministre conservateur, en 2019, des reporters sont malmenés quand des journalistes d'investigation sont mis sur écoute.

Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La situation de la liberté de la presse en Grèce ne cesse de se dégrader (ARIS MESSINIS / AFP)

La Grèce a reculé de cinq places dans le classement mondial de la liberté de la presse établie par l'ONG Reporters sans frontières : elle est classée 70ème sur 180, entre la Pologne et la Mongolie. Cette situation ne cesse de se dégrader et le travail des journalistes devient de plus en plus difficile.

Récemment, une journaliste néerlandaise qui posait la question de la responsabilité grecque dans les refoulements de migrants en haute-mer au premier ministre Kyriákos Mitsotákis s'est vue retirer son micro. Elle a dû quitter le pays pour cause de menaces.

Plus généralement, à Athènes, on constate une rétention d'information générale. Ainsi, pas plus tard que jeudi 13 janvier, le journaliste d'investigation Kóstas Vaxevánis a été convoqué par la justice pour son enquête sur l'un des plus grands scandales de corruption d'un montant de plusieurs centaines de milliers d'euros. Il est entendu sous le chef d'accusation d'appartenance à une organisation criminelle.

Tensions exacerbées depuis 2019

A tout ceci, s'ajoute le vote de loi très inquiétante qui permettent la mise sur écoute sans autorisation préalable du juge et l'emprisonnement ferme de tout auteur d'article considéré comme "fake news". Enfin, l'assassinat d'un journaliste n'a toujours pas été élucidé.

Si la situation de la liberté de la presse n'a jamais été brillante, notamment à cause de l'autocensure d'une grande partie des journalistes, depuis deux ans, elle est en roue libre. Dès son arrivée au pouvoir en juillet 2019, le conservateur Kyriákos Mitsotákis a pris officiellement le contrôle de la télévision nationale ERT et de l'agence de presse grecque ANA. Le ton était alors donné.

Depuis, selon Loukas Stamello, du site aternatif Omnia TV, la surveillance des journaliste s'est accrue: 

"Il y a de la surveillance et du harcèlement des journalistes à deux niveaux en Grèce"

Loukas Stamello

à franceinfo

Soutien médiatique contre contrats financiers

"L'un est la surveillance directe et au plus haut niveau, pour cause de 'raison d'Etat', mise sur écoute comprises. Et l’autre est le harcèlement de la police, lors de manifestations et leur fichage en fonction de la ligne pro-gouvernementale ou pas de leur média."

Une telle situation tient à la structure même des médias en Grèce dont les propriétaires sont soit des armateurs, soit des entrepreneurs qui travaillent avec le pouvoir quel qu'il soit, sur le principe soutien médiatique contre contrats financiers.

De plus, l'écrasante majorité des médias ne tiennent que grâce aux subventions gouvernementales. Être journaliste et poser les questions gênantes devient difficile. Plus de 95% des médias sont aujourd'hui pro-gouvernementaux en Grèce. Enfin, 70% de la population ne leur fait plus confiance. Il s'agit d'un taux européen le plus fort en la matière.

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