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Le Sri Lanka traverse sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948

En quelques semaines, l'île, déjà malmenée par la crise du Covid-19, a vu les prix des biens de tous les jours exploser, provoquant des émeutes par endroits. En cause : la flambée des prix du pétrole.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Farcis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des habitants de Colombo, la capitale du Sri Lanka, font la queue à proximité d'une station-service, le 25 mars 2022.
 (ISHARA S. KODIKARA / AFP)

C'est du jamais vu depuis 1948, soit la date de l'indépendance du Sri Lanka. L'ancienne Ceylan, au large de l'Inde, traverse sa pire crise économique : le Covid-19 et l’arrêt du tourisme ont mis son économie à genou et réduit l’entrée de devises, alors que le pays asiatique en a besoin pour rembourser ses importantes dettes et importer des produits de première nécessité. Aujourd’hui, le pays souffre d’abord de l’augmentation du prix mondial du pétrole provoqué par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. 

Ainsi, le problème principal de cette île de l'océan indien est actuellement la pénurie d’essence : le cours mondial du pétrole a doublé en l'espace de quatre mois. L’Etat, fortement endetté, ne peut acheter assez de carburant. Cela entraîne d’énormes files d’attente devant les stations-essence du pays : quatre personnes sont déjà mortes d’épuisement ou lors d’affrontements dans ces queues. Et l’armée a dû être déployée pour essayer de maintenir le calme. 

"Le prix du pain a doublé en une semaine"

Mais au-delà, cette pénurie d’essence créé des problèmes bien plus larges pour la population. Car la roupie srilankaise a dégringolé face au dollar, et tout ce qui est importé devient beaucoup plus cher. Sur l’ile, le prix du pétrole à la pompe a augmenté d’environ 50% en deux semaines, entraînant une forte inflation. Ainsi, en février, le prix des aliments a augmenté de 25,5 %, soit le taux le plus haut en Asie. Enfin, comme un tiers de l’électricité est produite à partir de pétrole, cette pénurie provoque de longues coupures de courant.

"Le plus dur pour moi, ce sont les coupures de courant, qui durent entre cinq et sept heures par jour", explique Kris Thomas, 28 ans, qui habite Colombo. Il estime qu’il fait face aux pires restrictions de sa vie : "Il est aussi très difficile de trouver des bonbonnes de gaz pour cuisiner. Et au marché noir, la bonbonne est vendue à plus de deux fois le prix normal. Il y a aussi une pénurie de produits laitiers. Et le prix du pain a doublé en une semaine."

Comment le Sri Lanka peut-il s’en sortir ?

À court terme, le Sri Lanka a besoin de réserves en devises étrangères pour sortir la tête de l’eau. Celles-ci ont été divisées par trois en trois ans, pour tomber à deux milliards de dollars. Il s'agit d'un effet direct de la crise du tourisme, qui constituait 10% du PIB national avant le Covid-19. La Chine vient donc de fournir un nouveau prêt de 2,5 milliards de dollars, qui servira a rembourser... un autre emprunt chinois, et à acheter du matériel, de Chine également.

L’Inde a également mis la main à la poche et a prêté, en un mois, 1,5 milliard de dollars pour acheter de l’essence et des produits essentiels. Enfin, Colombo a accepté de travailler avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide substantielle contre des réformes structurelles de son économie.

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