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Espagne : le parc naturel de Doñana menacé par la sécheresse et l'agriculture intensive

Le gouvernement d'Andalousie souhaite légaliser l'irrigation de cultures proches du parc naturel de Doñana, l'une des principales zones humides d'Europe.
Article rédigé par franceinfo, Mathieu de Taillac
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un point d'eau dans le parc naturel de Donana à Ayamonte, Huelva, en Espagne, le 19 mai 2022. (JORGE GUERRERO / AFP)

Au sud de l'Espagne, en Andalousie, le parc naturel de Doñana est menacé par la sécheresse. De l'autre côté des Pyrénées, le sujet est sur toutes les lèvres car que la région vient d'adopter une loi qui permet aux agriculteurs de tirer encore davantage sur la nappe phréatique et donc d'assécher encore plus la zone. 

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À Doñana, le milieu et le paysage sont uniques : un ensemble de marais, de ruisseaux et de dunes de sable, une faune et une flore à la variété assez incroyable qui peuvent faire penser à la Camargue en beaucoup plus grand.

"Doñana est l'une des zones humides les plus importantes d'Europe, au sud de l'Europe et tout proche du nord de l'Afrique", explique Felipe Fuentelsaz, spécialiste de l'eau et de l'agriculture de l'ONG environnementaliste WWF, un habitué de cette zone humide. "C'est le point de passage principal de six millions d'oiseaux migrateurs", explique-t-il.

"C'est donc un lieu unique pour la biodiversité non seulement des oiseaux, mais aussi d’un nombre incalculable d’espèces de faune et de flore."

Felipe Fuentesalz, de WWF

à franceinfo


Un petit paradis donc, mais un paradis menacé par la sécheresse. Le désastre est visible à l'œil nu. Ce sont des centaines de milliers d'oiseaux qui ne passent plus par Doñana. Ces zones humides ne sont plus humides beaucoup plus tôt dans l'année. "C'est logique que ce soit sec en été, mais le problème, c'est que c'est sec maintenant, au printemps, déplore Felipe Fuentesalz. Il y a juste un peu d'eau dans 300 hectares sur les 30 000 hectares qui devraient être inondées."

Et ce n'est pas près de s'améliorer. Le phénomène inquiète tout le monde, le gouvernement espagnol, l'Union européenne, et même l'Unesco ont tiré le signal d'alarme.

L'agriculture n'améliore pas la situation

Mais ce n'est pas seulement de la fautes des agriculteurs : il y a d'autres phénomènes en jeu. Et tout le monde reconnaît que les facteurs sont multiples. Les administrations qu'elles soient régionales ou nationales, n'ont pas fait grand-chose depuis l'explosion de la culture des fraises dans la région, cultures gourmandes en eau. Mais les exploitants qui se servaient illégalement avec des puits clandestins dans la nappe phréatique se voient encouragés. "On donne de l’eau à des agriculteurs qui ont violé la loi et qui causent de dommages importants à la nappe phréatique, soutient Felipe Fuentesalz. Et on va mettre les agriculteurs légaux, ceux qui sont corrects et qui sont nombreux en concurrence avec les agriculteurs illégaux, sur un marché où les prix sont de plus en plus compliqués."

Le tout en pleine campagne électorale. Les élections municipales se tiendront le 28 mai dans toute l'Espagne. Les agriculteurs ont une influence, réelle ou fantasmée, les oiseaux de passage, eux, n'ont pas encore le droit de vote. 

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