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En Turquie, la question des réfugiés syriens au cœur des élections présidentielle et législatives

La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens au monde. La question de leur présence crispe la population et sera l’un des thèmes centraux des élections à venir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Recep Tayyip Erdogan, le président turc, le 11 janvier 2023, à Ankara. (ADEM ALTAN / AFP)

En Turquie, la présidentielle et les législatives devraient être avancées au mois de mai et l’un des enjeux sera la question des réfugiés. La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde : quelque six millions selon les autorités, dont plus de trois millions et demi de Syriens, dont la présence est de moins en moins bien acceptée.

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La campagne pour les élections approche et la situation se tend pour les Syriens que le gouvernement comme l’opposition entendent renvoyer dans leur pays. À Esenyurt, une banlieue éloignée d’Istanbul, à plus de 30 km du centre, plus de 200 000 réfugiés ont élu domicile, en majorité des Syriens. C’est là qu’il y a un peu plus d’un an des commerces tenus par des réfugiés ont été violemment attaqués et le climat reste très lourd, confirme Nur, une jeune femme arrivée de Damas il y a six ans.

"Si vous allez dans la rue et que vous demandez à des Turcs s'ils veulent ou non des Syriens, ils répondent : 'Qu'ils retournent dans leur pays, on ne veut pas d'eux.' Mais les Turcs ne pensaient pas comme ça avant."

Nur

à franceinfo

"A l'approche des élections, conclut-elle, on nous utilise pour récupérer des voix. Ils ont planté ces idées dans les cœurs des Turcs." Chaque parti entend convaincre qu’il sera celui qui débarrassera le pays de ces millions de réfugiés désormais devenus indésirables.

Les Syriens ont peur et se cachent

Aussi, les réfugiés syriens se font le plus discret possible. Effrayés, ils évitent de traîner dans la rue, ou de se promener. Pour éviter les provocations, mais aussi pour certains par crainte d’un contrôle de police, beaucoup ne sont pas en règle, régulariser sa situation est devenu quasiment impossible. Il leur est aussi difficile de faire des projets, explique Asma : "J’avais un travail que j’ai quitté pour un temps partiel afin d’aller étudier à l’université. Mais quand c’est arrivé et qu’ils ont dit que nous devions rentrer dans notre pays, je n’ai pas pris le risque de dépenser cet argent pour l’université pour rien. Ici, les études sont chères. Et à tout moment, ils peuvent venir me dire : 'Tu arrêtes tout, tu pars.' Donc, tous nos projets sont à l’arrêt en attendant de savoir ce que l’on va devenir."

Le renvoi des réfugiés, c’est le fonds de commerce du Zafer Parti, le parti de la victoire. Son dernier clip a frappé les esprits. Sous une banderole clamant plus un seul demandeur d’asile en Turquie, un rutilant bus rouge. Les Turcs sont invités à acheter un aller simple pour la Syrie, le parti s’engageant à remplir le bus. Alors c’est une campagne pour recueillir des fonds, mais très révélatrice du moment que vit la Turquie.

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