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En Suisse, une association de victimes d’abus sexuels dans l’Eglise vient d’être lancée à deux semaines de la venue du pape

Ending Clerical Abuse s'apprête à dévoiler une liste de responsables de l'Eglise accusés d'avoir couvert des actes pédophiles, à deux semaines de la venue du pape François à Genève.

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des jeunes en train de prier. (JOE KLAMAR / AFP)

Le collectif d'associations ECA se réunit jeudi 7 juin à Genève et s'apprête à dévoiler une liste de responsables accusés d'avoir couverts des actes pédophiles. ECA signifie Ending Clerical Abuse : mettre fin aux abus du clergé. Elle regroupe des victimes d'abus sexuels de la part de prêtres, partout dans le monde. L'objectif est de mettre la pression sur le pape François, deux semaines avant sa visite à Genève. Et ce alors que le Vatican se remet à peine du scandale qui a touché l'Eglise chilienne.

Petit rappel des faits. Au début de l'année, le pape François se rend au Chili. Il y rencontre des victimes d'abus sexuels commis par des prêtres. Mais dans le même temps, il prend la défense d'un évêque, accusé d'avoir couvert ces mêmes abus. Scandale. Depuis, tous les évêques chiliens ont démissionné et le pape s'est excusé. Pas suffisant, dit François Devaux. Le président de l'association La parole libérée et cofondateur de ECA doute de la sincérité du Vatican : "Le pape nous fait croire qu'il est très étonné de la situation mais avant cela, il y a eu Boston, il y a eu l'affaire du cardinal Law, qui a été reçu au Vatican, George Pell en Australie, qui est le numéro 3 du Vatican... Il y a une évolution, certes. La question fondamentale, c'est l'intention. Sur ce point-là, on n'a toujours pas la réponse de savoir si cette démarche est une prise de conscience réelle ou non."

Interpeller l'opinion, pas le Vatican

Selon l'association, l'affaire chilienne est l'arbre qui cache la forêt. Les termes utilisés par les victimes ne sont pas anodins. Eux-mêmes se définissent comme des "survivants". La pédophilie dans l'Eglise serait comparable à une épidémie, selon eux. François Devaux parle en connaissance de cause. Avec d'autres victimes présumées, il est à l'origine de la procédure judiciaire qui vise le cardinal Barbarin en France, poursuivi pour non-dénonciation d'atteintes sexuelles : "L'Eglise est aujourd'hui le premier réseau de pédophiles. Les victimes se comptent par milliers. À partir du moment où des responsables hiérarchiques sont au courant de faits de pédophilie concernant un de leurs prêtres et que ces évêques-là déplacent les prédateurs sexuels, on multiplie la récidive. Donc on est bien face à une épidémie. On est bien face à une tolérance. On est bien face à un mécanisme de l'institution."

Est-ce que le pape François va répondre aux victimes lors de son passage à Genève ? L'association ECA le souhaite, mais ne se fait pas d'illusions. "Nous n'en sommes plus à demander à l'Eglise, a dit François Devaux. Ce qu'on souhaite, c'est lui imposer une attitude morale". Et pour cela, il faut interpeller l'opinion, pas le Vatican.

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