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En Irak, le patrimoine du vieux Bagdad est en péril

Dans la vieille ville de Bagdad, rien n'est entretenu, rien n'est protégé. Le savoir-faire ancestral risque de disparaître.

Article rédigé par franceinfo - Lucile Wassermann
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une rue de Bagdad (29 janvier 2018). (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Bagdad est une cité millénaire, héritière de la Mésopotamie antique, fondée en 762 après Jésus Christ. La ville possède un patrimoine extrêmement riche qui fait malheureusement les frais des multiples conflits contemporains en Irak et de leurs conséquences. Qu'il s'agisse des savoir-faire ou de l'héritage architectural, tout disparaît peu à peu dans le vieux Bagdad. Prenez par exemple le souk Safafeer, que l'on traduit de l'arabe par "le marché des chaudronniers". C'est l'un des bazars historiques de la capitale où, il y a encore quelques années, il n'était même pas possible de se parler tant le martèlement de l'acier était bruyant dans ces allées.

La chaudronnerie, à Bagdad, c'est un savoir-faire qui date de l'époque abbasside mais aujourd'hui, cette activité tend à disparaître regrette l'un des derniers artisans sur place. "Il ne reste plus que cinq à dix chaudronniers. Le marché est mort, il n'y a que du linge et des chariots, l'activité de chaudronnerie est arrêtée, un client vient rarement acheter un cadeau et c'est tout." Ce savoir-faire ancestral risque donc de disparaître, malgré tout ce qu'il représente pour la culture irakienne.

Des décennies de guerre

La protection du patrimoine n'est pas une priorité pour le gouvernement irakien. Ces biens communs renforcent pourtant un sentiment d'appartenance à un territoire et soudent les communautés, ce dont l'Irak aurait bien besoin. Mais effectivement, quand vous regardez toute la vieille ville de Bagdad, rien n'est entretenu, rien n'est protégé. Alors évidemment, les décennies de guerre ont beaucoup endommagé ce patrimoine, surtout architectural, mais la négligence des autorités est pointée du doigt. Alaa Khaleel Nasser est est à la tête d'un collectif d'intellectuels qui interpelle régulièrement les autorités sur cette question. "Personne ne se préoccupe de cet endroit, regrette-il. 

Quand vous demandez au maire de Bagdad, ou à d'autres ce qu’ils font, ils disent qu'ils ont besoin d'argent et que l'argent qu'ils ont n'est pas suffisant."

Alaa Khaleel Nasser

à franceinfo

Le gouvernorat de Bagdad répond pour sa part qu'un nouveau comité est en cours de constitution pour protéger ce patrimoine. Mais tant qu'aucune mesure ne sera prise, le vieux Bagdad, ses marchés, ses savoir-faire, continueront de disparaître peu à peu.

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