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En direct du monde. Le duel présidentiel français vu de Moscou et de Washington

Comment la dernière ligne droite du scrutin présidentiel français est-elle perçue aux Etats-Unis et en Russie ? Que retiennent ces pays des programmes des deux candidats ? Des éléments de réponse avec les correspondants de franceinfo à Washington et à Moscou.

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Carbonne - Claude Bruillot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Comment la dernière ligne droite du scrutin présidentiel français est-elle perçue aux Etats-Unis et en Russie ? Des éléments de réponse avec les correspondants de franceinfo à Washington et à Moscou. (DON EMMERT / NATHALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Comment la dernière ligne droite du scrutin présidentiel français est-elle perçue aux Etats-Unis et en Russie ? Que retiennent ces pays des programmes des deux candidats ? Des éléments de réponse, mercredi 3 mai, jour de l'ultime débat entre les deux candidats, avec les correspondants de franceinfo à Washington et à Moscou.

Russie : préférence affichée

À Moscou, les soutiens officiels ou officieux à Marine Le Pen ne manquent guère. Le début de l’entre-deux-tours a ainsi été marqué par le pronostic affiché de Kostantin Kosatchev, le président de la Commission des Affaires internationales au Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe. Il décrit le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, reçue fin mars par le président russe, comme étant la copie conforme de l’opposition passée entre Donald Trump et Hillary Clinton, avec, selon lui, une issue qui pourrait être identique, à savoir que le favori serait battu au final. Les Russes ont évidemment tout à gagner dans cette optique, appréciant à leur juste valeur les positions de la candidate du FN, en faveur de la levée des sanctions contre Moscou, pour le rattachement de la Crimée à la Russie, et aussi pour le rapprochement avec le Kremlin dans l’idée de lutter ensemble contre les menaces terroristes.

Le Kremlin connait la tendance dans les sondages et au lendemain du premier tour, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, avait précisé que la Russie respecterait le choix électoral des Français quel qu’il soit. Une simple précaution de langage, car à Moscou, les analystes comme les politiques savent que l’influence d’un président français, sur des dossiers comme celui de la Syrie par exemple, n’est pas la même que sur la guerre en Ukraine. Mais comme le profil d’Emmanuel Macron est à Moscou basiquement celui d’un allié de l’Allemagne et à un degré moindre de l’Amérique, ils savent déjà, qu’en cas de victoire du leader du mouvement En Marche ! , le rapport des forces serait au moins tout aussi défavorable qu’aujourd’hui, sinon davantage.

Etats-Unis : prudence sur le choix

Donald Trump a affiché un rapprochement idéologique sans afficher un réel soutien à la candidate du Front national. Il n'a pas pris le temps de faire une photo avec Marine Le Pen lors de son passage à New-York. Et dans un récent entretien, le président américain affirmait ne pas connaitre la candidate frontiste française. Mais juste après le premier tour du scrutin, au moment de l'attaque sur les Champs-Elysées, Donald Trump prédisait un effet positif pour Marine Le Pen, la plus ferme, expliquait-il sur la question des frontières. En fait, le candidat Trump avait effectué le même genre de campagne, mais le président Trump n'a pas forcément le même intérêt sur l'Otan, redevenu nécessaire à ses yeux, et sur l'Europe dont l'unité est à nouveau importante. Les positions de Marine Le Pen ne conviennent donc pas aux intérêts américains. La clé est aussi économique et il était frappant d'entendre, sur la grande chaîne de télévision conservatrice, FoxNews, un économiste expliquer au lendemain du premier tour de l'élection française, que bien sûr les Etats-Unis avaient intérêt à avoir un partenaire comme Emmanuel Macron à l'Elysée.

Aux Etats-Unis, le deuxième tour est surtout vu comme le match retour de l'affiche Trump-Clinton du 8 novembre 2016, en tout cas pour les opposants au président américain. "En France, vous avez une opportunité de dire non au racisme, vous avez ouvert les yeux et compris que Le Pen, c'est la même chose que Donald Trump", disait récemment une manifestante lors d'un rassemblement en faveur des migrants à Washington. Un éditorialiste du New York Times a également donné un conseil à Emmanuel Macron, en l'engageant à ne pas faire la même erreur qu'Hillary Clinton, en croyant que l'élection est gagnée d'avance. Un autre quotidien, le Washington Post, préfère établir un parallèle entre Emmanuel Macron et Bill Clinton, au même flou idéologique mais dont le programme est dans la personnalité, avec une jeunesse qui peut bousculer les frontières politiques.

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