Cet article date de plus de sept ans.

En direct du monde. La Grande Barrière de corail sera-t-elle sauvée par du vinaigre ?

La Grande Barrière de corail en Australie est en très mauvaise santé, notamment à cause de la prolifération des étoiles de mer "couronne d'épines". Des chercheurs ont trouvé une solution pour éradiquer ce terrible prédateur de coraux : lui injecter du vinaigre.

Article rédigé par franceinfo, Caroline Lafargue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des chercheurs australiens tentent de lutter contre une espèce d'étoile de mer qui ravage la Grande barrière de corail (Illustration). (FELIX MARTINEZ / MOMENT RF / GETTY)

En Australie, des chercheurs ont peut-être trouvé la solution pour lutter contre une espèce d'étoile de mer qui ravage la Grande Barrière de corail. En 30 ans, la couverture corallienne a diminué de moitié. Le blanchissement des coraux, lié aux canicules marines provoquées par El Niño et au changement climatique, en est l'une des raisons. Mais, 40% de la mortalité des coraux est due à une étoile de mer, l'Acanthaster, baptisée “couronne d'épines”. Le problème des étoiles de mer n’est pas nouveau. Il fait l'objet de recherches sophistiquées depuis des décennies mais la dernière solution trouvée est novatrice. Pour éradiquer ce terrible prédateur, il suffit de lui faire... une piqûre de vinaigre !

Tâche dantesque

L'idée est d'envoyer des plongeurs injecter 20 ml de vinaigre blanc dans les bras de ces étoiles de mer qui ne supportent pas cette acidité et meurent au bout de 48 heures. Les chercheurs de l'université James Cook, en Australie, viennent de tester la solution dans les récifs pendant six semaines. Le principal enjeu était de vérifier que ce vinaigre ne soit pas dangereux pour les autres espèces. L'expérience est concluante. L'ajout de vinaigre a même dopé l'appétit des poissons mangeurs d’étoiles de mer, selon les scientifiques.

Pêcher ces étoiles de mer pour leur injecter le vinaigre est une tâche dantesque : la Grande Barrière de corail mesure 2 600 km de long. Mais, depuis des années déjà, des équipes de plongeurs, déployées sur deux bateaux, sillonnent les récifs du nord de la Grande Barrière toute l'année. Jusqu'à présent, ils injectaient des extraits de bile de bœuf, un produit bien plus coûteux que le vinaigre. De toute façon, il ne s'agit pas d'éradiquer complètement les étoiles de mer mais seulement de limiter leur prolifération, car en nombre restreint, elles sont utiles aux récifs.

D'autres solutions à l'étude

Les chercheurs australiens planchent sur des solutions à plus grande échelle. L'université de technologie du Queensland, par exemple, a mis au point un robot capable de repérer les étoiles de mer et de leur administrer une piqûre mortelle. On en est au stade des essais pour l'instant.

D'autres scientifiques espèrent beaucoup des leurres olfactifs : faire fuir les étoiles de mer en libérant des substances chimiques, qui copient l'odeur d'un de leurs prédateurs, ou diffuser des phéromones pour les attirer dans un endroit précis et mieux les éliminer. Tout cela, ce sont des solutions de court terme. Pour prévenir la prolifération des étoiles de mer "couronne d'épines" de façon durable, il faut s'attaquer à la cause du mal. 

Un plan à 140 millions d'euros

Les scientifiques pensent que ce sont principalement les engrais rejetés dans l'océan qui déclenchent les explosions démographiques des étoiles de mer. Ces engrais provoquent une surproduction de plancton dont se nourrissent les larves d'étoiles de mer. En 2015, le gouvernement australien a promis de débloquer 140 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer la qualité de l'eau du continent qui se déverse sur la Grande Barrière de corail et s’attaquer, entre autres, à la concentration d'engrais. 

Mais l'allocation des fonds a pris du retard et, surtout, ce plan de sauvetage ne comprend aucune mesure de lutte contre le réchauffement climatique. Or, le réchauffement de l'océan est considéré, par certains scientifiques, comme un facteur aggravant de la prolifération de ces étoiles de mer redoutables.

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