En direct du monde. En Inde, le gouvernement légifère pour interdire le commerce de la viande
En Inde, les autorités multiplient les mesures visant à interdire le commerce de viande. Le pays est pourtant l'un des premiers exportateurs au monde.
Les mesures du gouvernement indien, dirigé par des nationalistes hindous, sont perçues comme une offensive idéologique pour de nombreux habitants. En Inde, les autorités ont récemment adopté plusieurs dispositions qui restreignent le commerce de viande. Ces derniers mois, de violentes attaques contre des camions transportant du bétail, ont fait plusieurs morts. Les militants agissent au nom de la défense de la vache sacrée.
Pénurie de viande et chômage de masse
En mars 2017, le nouveau dirigeant de l'Uttar Pradesh, état le plus peuplé du pays avec 200 millions d'habitants, a ordonné la fermeture de toutes les boucheries qui ne respectaient pas les mesures d'hygiène. La mesure de ce député local du parti nationaliste hindou du BJP, également prêtre végétarien, a paralysé l'approvisionnement en viande de cette région. Des milliers de musulmans, spécialisés dans ce commerce, se sont retrouvés au chômage.
Shafquin Gutin, boucher près de la ville d'Agra, raconte qu'il a perdu 80% de son chiffre d'affaires en quelques mois. "Le gouvernement a promis de nous redonner des licences, mais il ne se passe rien, explique le boucher, Ils sont censés traiter tout le monde de la même façon, mais ces dirigeants sont des religieux avant tout. Ils veulent mettre tout le monde aux épinards et aux lentilles."
Un fleuron de l'économie indienne en danger
À la fin du mois de mai, le gouvernement national, contrôlé par le même parti, a passé un décret interdisant la vente de bétail destiné aux abattoirs, sur les marchés. Les fermiers qui voulaient se séparer de leurs buffles non productifs, se sont retrouvés sans solution du jour au lendemain. Ces paysans, qui dépendent de la vente du lait pour vivre, avaient pour habitude de revendre leurs animaux trop vieux pour en acheter des plus jeunes. Ainsi, tout l'économie rurale a été impactée par ce décret.
À travers ces mesures, l'Inde met également en péril une industrie florissante, le pays étant le plus important producteur de lait au monde, et le premier exportateur de viande bovine. Cette filière emploie plus de deux millions de personnes. Le gouvernement dément mener une croisade contre ce secteur, mais il reconnaît que celui-ci n'est pas une priorité. Pour l'heure, les commerçants ont remporté une première bataille : ils ont obtenu mardi 11 juillet la suspension du décret national pendant trois mois.
Des attaques de plus en plus nombreuses
La bataille se joue donc devant les tribunaux, mais aussi sur le terrain. Les militants hindouistes prennent régulièrement pour cible, les camions transportant du bétail, au nom de la défense de la vache sacrée. Même si les conducteurs, souvent musulmans, détiennent toutes les autorisations, ils se font tabasser, voire tuer. Depuis six mois, une vingtaine d'attaques ont été rapportées, un chiffre en hausse de 75% par rapport à l'année dernière.
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