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En direct du monde. En Afrique du Sud, une vente aux enchères de cornes de rhinocéros sous haute surveillance

Quelque 500 kilos de cornes de rhinocéros sont mis à prix sur internet lors d'une vente aux enchères, alors que le commerce international est strictement interdit.

Article rédigé par franceinfo - Liza Fabbian
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les cornes de rhinocéros sont vendues pour leurs prétendues vertus médicinales.  (MUJAHID SAFODIEN / AFP)

En Afrique du Sud, une vente aux enchères inédite s’est ouverte mercredi 23 août. Jusqu'à vendredi, quelque 500 kilos de cornes de rhinocéros sont mis à prix sur internet. C’est une grande première, qui pourrait faire jurisprudence, alors que le commerce international de cornes de rhinocéros est strictement interdit et les braconniers traqués.  

Un produit d'élevage sur le marché

Les cornes ont été prélevées sur environ 1 500 rhinocéros qui vivent dans l’immense ferme sud-africaine de John Hume. L’homme est connu en Afrique du Sud. Le plus grand éleveur de rhinocéros au monde protège ses animaux des braconniers, en coupant régulièrement leurs cornes. Ce n’est pas un processus douloureux pour l’animal, puisque son appendice est composé de kératine, la même matière que les ongles ou les cheveux. Jusque-là, John Hume conservait son butin dans d’immenses coffres forts sans pouvoir le faire fructifier mais pour la première fois, il a été autorisé à en vendre. Le ministère sud-africain a bien essayé d’interdire cette vente mais finalement, dimanche dernier, la justice lui a ordonné de délivrer les autorisations nécessaires.

Une action pour éliminer le braconnage

John Hume espère réinvestir une partie de l’argent de la vente pour financer la reproduction et la protection des rhinocéros. Mais le projet à long terme est bel et bien de mettre un coup d’arrêt au braconnage. L’éleveur sud-africain estime qu’en inondant le marché de cornes légales, celui-ci se régulera. Les prix baisseront et la demande finira par se tarir sur le marché noir, prévoit-il. Aujourd’hui, les rhinocéros sont victimes d’un braconnage à grande échelle qui menace sérieusement leur survie. Plus de 1 000 animaux sont abattus chaque année en Afrique du Sud. La corne de rhinocéros se négocie 51 000 euros le kilo en Asie où elle est réputée pour ses soi-disant vertus curatives.

Les défenseurs de la nature peu convaincus

Les arguments de l'éleveur peinent à convaincre les organisations de protection de la nature, pour lesquelles la meilleure protection reste l’interdiction stricte du commerce de cornes de rhinocéros. Les associations protectrices de l'environnement redoutent que les cornes vendues aux enchères n’inondent finalement le marché illégal et fasse exploser la demande. Quant à l’argument économique avancé par John Hume, il ne tiendrait pas vraiment la route, puisqu’il sera de toute façon difficile d’établir un prix pour ces cornes. Les éleveurs veulent faire du bénéfice, mais si le prix est trop élevé, les convoitises resteront aussi au plus haut et le braconnage continuera comme avant.

Une vente aux enchères a priori contrôlée 

Les acheteurs doivent s’acquitter d’un droit d’entrée de plus de 6 000 euros pour participer et ils doivent tous être munis d’un permis. Les cornes vendues aux enchères ne peuvent pas non plus, en principe, quitter le territoire sud-africain. Sauf que le site de la vente est décliné en plusieurs langues, notamment le mandarin, ce qui provoque quelques soupçons. Les autorités sud-africaines ont promis qu’elles garderaient un œil sur le déroulé des opérations, mais, en vérité, les contrôles sont très difficiles et le risque de corruption, y compris de certains officiels, pourrait ne pas faciliter pas les choses.

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