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Infographies Trois graphes pour comprendre l'explosion du braconnage des rhinocéros

Au moins 1 338 animaux ont été braconnés sur le continent africain en 2015. Un triste record.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un rhinocéros se réveille après avoir subi un décornement volontaire dans un parc sud-africain, le 3 février 2016. (MUJAHID SAFODIEN / AFP)

C'est une hécatombe. En Afrique, au moins 1 338 rhinocéros ont été braconnés en 2015. Un triste record, depuis que l'Afrique du Sud a interdit le commerce de la corne de rhinocéros en 2008, a annoncé, mercredi 9 mars, l'ONG Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Francetv info a compilé trois graphes pour y voir plus clair dans le commerce de la corne de cet animal, qui ne compte plus que 20  000 individus dans le monde.

1Le nombre de rhinocéros braconnés en hausse depuis 2009

L'Afrique du Sud abrite environ 80% de la population mondiale de rhinocéros. Le commerce de sa corne est interdit au niveau international depuis 1977 par la Convention sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites). Mais Pretoria ne l'a interdit qu'en 2008. En vain. Le braconnage des rhinocéros n'a cessé d'augmenter depuis cette année-là.

La Cites, organisation basée en Suisse, alerte : le niveau de braconnage de 2015 est "le plus élevé depuis le début de la crise actuelle en 2008". Après une légère baisse enregistrée entre 2008 et 2009, le nombre global de rhinocéros braconnés n'a cessé de progresser. Il a été multiplié par plus de six en l'espace de six ans (201 en 2009 contre 1338 en 2015).

2Le braconnage de rhinocéros multiplié par 90 en trois ans en Namibie

Dans le détail, le braconnage de rhinocéros ne progresse pas partout. L'UICN souligne qu'il a diminué au Kenya au cours des deux dernières années. L'ONG note également que le nombre de rhinocéros tués en Afrique du Sud, en 2015, a diminué pour la première fois depuis 2008. "Nous sommes très heureux d'annoncer que, pour la première fois depuis dix ans, la situation du braconnage s'est stabilisée", a déclaré la ministre sud-africaine de l'Environnement en janvier.

A l'inverse, la Namibie, qui abrite 10,8% de la population de rhinocéros, apparaît clairement comme le maillon faible de la lutte contre le braconnage. Là-bas, le nombre d'animaux tués a été multiplié par 90 en trois ans. Le calcul est simple : en 2012, le pays enregistrait un seul rhinocéros braconné ; en 2015, l'UICN en a compté 90.

3Une demande croissante et des prix qui flambent

La corne de rhinocéros, de la même matière que les ongles humains, est très demandée en Asie. Le trafic alimente un marché clandestin de la médecine traditionnelle, notamment au Vietnam et en Chine. On prête à la poudre de corne des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques. Au Vietnam, par exemple, des gens croient que la corne de rhinocéros peut guérir du cancer, même s'il n'existe aucune preuve scientifique de cet effet. Certains pensent également qu'elle résout l'impuissance et permet d'empêcher la calvitie.

La demande de corne est donc forte. Et le commerce plutôt lucratif. Selon des ONG de défense des animaux, le kilo de corne de rhinocéros se monnaie jusqu'à 58 000 euros au marché noir. C'est plus que l'or, la cocaïne ou encore le safran et le caviar.

Le prix – déjà exorbitant – de la corne de rhinocéros ne constitue pourtant pas un record : le venin de scorpion, lui, coûte par exemple 360 euros le gramme (soit dix fois le prix de l'or).

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