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En direct du monde. Au Bénin, l'importation et la fabrication de sacs plastique est interdite

Le Bénin veut promouvoir le tourisme et il s’inspire du Rwanda, l’un des pays réputés les plus propres d’Afrique.

Article rédigé par franceinfo - Delphine Bousquet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un point d'eau recouvert de sachets plastiques au marché aux moutons de Djeffa à quelques kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin.    (DELPHINE BOUSQUET / RADIO FRANCE)

Au Bénin, les députés ont adopté une loi qui interdit les sachets plastiques non biodégradables. C’était juste avant l’ouverture de la COP23 à Bonn. Les consommateurs et les commerçants ont six mois pour s’adapter à la nouvelle donne.

Le vote de cette loi est une grande avancée pour ce petit pays d’Afrique de l’Ouest pollué par les sacs plastiques. Ils jonchent les rues, les plages, ils pendent aux arbres, ils flottent sur les lagunes, recouvrent les plans d'eau. Les plus courants sont des sachets fins noirs et d’autres, carrés, épais et transparents, qu’on appelle  "pure water" parce qu’ils contiennent de l’eau : on les déchire avec les dents pour boire.

On ne connaît pas la quantité de sacs en plastique utilisée par les ménages chaque jour mais pour vous donner une idée, on peut en récupérer une vingtaine : en cherchant le pain, en allant au marché... Et même en achetant à manger dans la rue. D’ailleurs début septembre, une pétition, lancée sur Internet, demandait que la vente de nourriture dans les sachets soit interdite. Elle a recueilli plus de 5 000 signatures, un chiffre révélateur pour le Bénin.

La loi, votée il y a 12 jours, avait été déposée en avril 2016. Dans les villes, quand vous achetez à manger dans la rue, à emporter, la vendeuse verse le riz, les beignets, la bouillie, dans des sachets plastiques. C’est un empoisonnement à petit feu car ces aliments chauds sont directement en contact avec le plastique, un dérivé de pétrole. Mais dans les villages, on vous sert encore dans des feuilles de bananiers ou de teck.

Un programme de promotion des sachets biodégradables

Il faut une solution de remplacement. Pour l’instant, une entreprise importe des sacs biodégradables, elle a un stock énorme car ils se vendent encore peu, même si c’est au même prix que les sachets non biodégradables. Et elle va ouvrir une unité de fabrication. D’autres sociétés frappent déjà à la porte. Pour obtenir l’agrément, il faudra qu’elles présentent un plan de récupération et de traitement de leurs sachets. Et puis le gouvernement veut promouvoir les initiatives locales, des sacs en raphia, des sacs à base de jacinthe d’eau produits notamment par des groupements de femmes.

Des tonnes de sacs en plastique sont dans la nature. Il n’y aura pas de grand nettoyage mais des ONG les ramassent déjà et les recyclent pour faire des gaines électriques et des pavés pour construire les routes. La technique est simple : le plastique fondu mélangé à du sable donne un matériau semblable au goudron et très résistant. Bien sûr, il faut porter un masque. Mais c’est produit à petite échelle et pas encore rentable.

Les Béninois n’auront pas d'autre choix que de se passer des sacs en plastique. Le Bénin veut promouvoir le tourisme et il s’inspire du Rwanda, l’un des pays les plus propres d’Afrique qui a choisi en 2008 une méthode radicale : interdire tous les sacs plastiques, n’autoriser que les sacs réutilisables ou en papier. Et la loi est très sévère, avec des peines de prison pour les contrevenants. Au Bénin, quiconque sera pris en train de jeter un sachet écopera d’une amende de 100 000 à 500 000 francs CFA, soit 150 à 760 euros. Une fortune pour la plupart des Béninois.

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