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Covid-19 : pour doper sa prochaine saison touristique estivale, la Suisse lance un label écologique

Les hôtels qui réduisent leur consommation en eau ou les restaurants qui se fournissent en circuit court pourront afficher le label "swisstainable". Pour le moment, le secteur touristique, dépendant de la clientèle chinoise, est pourtant loin d'être durable.

Article rédigé par franceinfo - Jérémie Lanche
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le village de Gspon, dans les Alpes suisses, en mai 2020. (FABRICE COFFRINI / AFP)

À quoi ressembleront les vacances d'été cette année ? Entre les incertitudes sur le calendrier de vaccination, les risques de fermetures des frontières et les mesures de quarantaine... Partir loin ne semble pas à l'ordre du jour. La Suisse qui a vu une chute historique de la fréquentation touristique en 2020 - moins 40% de nuits d'hôtel en moyenne et même moins 78% à Genève au 4e trimestre 2020 - a décidé de prendre les devants. Elle mise sur un tourisme plus durable, plus local aussi en créant un nouveau label pour les vacanciers.

Le label "swisstainable" est né de la contraction entre Suisse et sustainable [durable en français]. Il fonctionnera un peu comme une vignette Crit'air, avec plusieurs degrés de durabilité pour les établissements concernés. Tout le secteur touristique est invité à jouer le jeu. Il peut s'agir d'hôtels qui réduisent leur consommation en eau, de restaurants qui se fournissent avec des circuits courts ou encore des stations de ski qui limitent leur empreinte carbone. La Suisse abrite par exemple le premier téléski au monde qui fonctionne grâce à l'énergie solaire et qui en produit même.

En fait la Suisse part d'un constat : le développement durable influence de plus en plus le choix des destinations de vacances. Avec son air pur, ses barrages hydroélectriques et son offre pléthorique de trains, la confédération helvétique serait, selon le directeur de Suisse Tourisme, une championne cachée de la durabilité.

La Suisse, pas si durable que ça

Une championne bien cachée même. La Suisse se targue d'être l'un des meilleurs élèves en ce qui concerne le recyclage et les produits bio, mais derrière l'image de carte postale, le pays n'est pas complètement vert. Il l'est sans doute vu du ciel, avec beaucoup de taches blanches. Les montagnes représentent en effet le tiers de la surface du pays. Mais quand on y regarde de plus près, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas si durables que ça. La Suisse est un pays riche, qui consomme donc beaucoup. C'est l'un des plus gros émetteurs de CO2 au monde si on prend en compte non seulement les émissions produites sur le territoire mais aussi les émissions importées. Si tout le monde vivaient comme le font les Suisses, il faudrait les ressources de plus de trois planètes.

Si on en revient au tourisme, là aussi, la Suisse n'est pas si durable que ça. Avec une clientèle d'affaire qui vient souvent de très loin, pour des conférences internationales à Genève et à Zurich. Le secteur est aussi très dépendant de la clientèle venu de Chine. Les touristes chinois représentent jusqu'à 90% du chiffre d'affaires de certaines boutiques de montres.

Quant aux Suisses, s'ils ont largement passé leurs vacances dans leur pays en 2020, ce n'est pas toujours le cas. Avec un fort pouvoir d'achat et l'un des principaux hub d'Easyjet en Europe à 15 minutes du centre-ville, les Genevois peuvent par exemple partir en week-end dans n'importe quelle capitale pour presque rien. Il faudra donc un peu plus qu'un label pour que le tourisme suisse fasse sa mue vers la transition écologique.

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