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Au Brésil, Jair Bolsonaro prépare sa réélection en faisant le ménage parmi ses proches

Dans la seule journée de lundi, le président brésilien s’est séparé d’un ministre et du président de Petrobras, devenus gênants.

Article rédigé par franceinfo, Anne Vigna
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président brésilien candidat à sa réélection, Jair Bolsonaro, le 17 mars 2022. (EVARISTO SA / AFP)

Le président brésilien Jair Bolsonaro s'est dit "prêt au combat" mardi, après avoir passé la nuit à l'hôpital suite à un "malaise", selon les services de communication de la présidence, qui semble dû à des problèmes intestinaux récurrents à la suite d'une attaque à l'arme blanche. Une déclaration qui intervient dans un contexte particulier : dimanche, le président brésilien Jair Bolsonaro s’est porté officiellement candidat à sa réélection en octobre prochain. Le lendemain, il limogeait son ministre de l’Éducation, le troisième en trois ans.

>> Une commission d'enquête parlementaire a demandé en octobre l'inculpation de Jair Bolsonaro pour une série de "crimes intentionnels" liés à sa gestion de la pandémie de Covid-19.

Également pasteur, ce ministre est désormais visé par une enquête pour trafic d'influence et il est surtout en Une de tous les journaux depuis dix jours. La presse a révélé des enregistrements d’une conversation téléphonique où le ministre affirme, qu’à la demande de Jair Bolsonaro, les budgets de l’Éducation allaient en priorité aux amis de deux pasteurs, proches de la famille du président. Les mêmes pasteurs auraient aussi demandé des pots de vins et même des lingots d’or aux maires qui vivent en Amazonie et où on exploite l’or. En échange, ces pasteurs allaient porter les requêtes des maires au ministre. Chaque jour apportant de nouvelles révélations, Jair Bolsonaro s’en est donc séparé pour éviter que tout scandale de corruption n’entache plus sa campagne.

La lutte contre l'inflation prioritaire    

Exit également lundi, le président de l’entreprise pétrolière Petrobras dont l’État est l’actionnaire majoritaire. Là, la question est économique mais tout aussi importante pour la réélection : Jair Bolsonaro lui reprochait, une nouvelle hausse des carburants au début du mois de mars. Le chef de l’État n’aurait particulièrement pas apprécié que cette augmentation intervienne en même temps que la baisse des taxes sur les carburants. Au final, la population n’a pas perçu l’effort budgétaire que l’État a consenti. Et, en effet, comme l’a confirmé une récente enquête d’opinion, 68% des Brésiliens jugent le gouvernement responsable de la hausse du prix des carburants.  

À sept mois de l’élection présidentielle, Jair Bolsonaro est donné largement battu dans les sondages par l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, même s'il a légèrement réduit l'écart ces dernières semaines. Dans un pays où les prévisions de croissance sont atones pour 2022 et un chômage toujours élevé, juguler l’inflation est devenue la priorité absolue du président en commençant par les prix à la pompe. C’est la tâche qu’il a donné à Adriano Pires, le nouveau président de Petrobras. Pires a estimé dans un article que "le consommateur brésilien ne devait pas payer ‘le prix de la guerre’", en référence à l’invasion russe. Au-delà d’un baril de pétrole à 95 dollars, il a défendu la constitution d’un fonds pour subventionner les prix à la pompe. Et cette idée a séduit le président sans qu’on sache combien cela allait vraiment coûter au pays.

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