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À Taïwan, une chanson moquant la propagande chinoise fait un tabac sur les réseaux sociaux

Sous son apparence de chanson d'amour, "Fragile" tourne en dérision le Parti communiste chinois et la propagande du régime.

Article rédigé par franceinfo - Adrien Simorre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Namewee et Kimberley Chen. (SAM YEH / AFP)

Trente-cinq millions de vues pour le morceau "Fragile" du chanteur Namewee et de l’artiste Kimberley Chen. À Taïwan, cette chanson qui ironise au sujet de la propagande chinoise rencontre un énorme succès sur les réseaux sociaux.

En apparence, c’est une simple chanson d’amour. L’histoire d’un conjoint trop susceptible qui ne supporte pas la rupture. Mais cette histoire a évidemment un double sens à Taïwan, pays démocratique revendiqué par Pékin. La chanson dit par exemple : "Tu me forces à dire au monde entier que je t’appartiens. Mais la vérité n’est pas toujours facile à entendre. Pardonne-moi si je t’ai blessé."

La chanson a fait un carton à Taïwan, où plus de 90% de la population est opposée à une annexion chinoise. "Tout le clip vidéo est rose. Or en chinois, "petit rose" cela renvoie aux internautes du Parti communiste chinois qui attaquent en permanence les autres sur les réseaux sociaux, analyse Chen Yu-lin, spécialiste de la musique taïwanaise. Quand nous, les Taïwanais, on entend cela, on sait exactement de quoi il parle. Il a vraiment trouvé une manière humoristique d'aborder un sujet très lourd. J'espère que cela va encourager d'autres musiciens taïwanais à aborder ces questions politiques de manière un peu décalée. C'est quelque chose dont on a vraiment besoin à Taïwan."

"Tout ce qui est sensible mérite d'autant plus d'être abordé"

Le morceau n’a d’ailleurs pas du tout plu à la Chine, qui a immédiatement censuré le morceau. Les morceaux et les comptes des deux artistes ont disparu des réseaux sociaux chinois. Pas vraiment de quoi effrayer le compositeur. Namewee, qui ne comptait plus vraiment sur le marché chinois. "Pour moi, celui qui subit la censure, c'est le public chinois. Ce n'est pas moi. Moi je continuerai à écrire mes chansons de la même manière parce que je pense que tout ce qui est sensible mérite d'autant plus d'être abordé. Et s'il y a des gens qui se sentent offensés alors que ma chanson a visé juste, vous êtes trop sensible", répond l'artiste.

Le chanteur aura en tout cas des sources d'inspiration, selon un rapport de l'Irsem, Taïwan est le pays le plus visé au monde par la propagande chinoise.

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