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Face à la Chine, Taïwan enclenche la riposte

Taïwan ne se laissera pas faire. Le territoire fait face depuis plusieurs semaines aux pressions et aux menaces d'invasion de la part de la Chine. Il riposte, en tout cas dans les mots.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, assiste aux célébrations de la fête nationale devant le palais présidentiel à Taipei, le 10 octobre 2021. (SAM YEH / AFP)

"Taïwan ne s'inclinera pas" et "personne ne nous forcera à suivre la voie tracée par Pékin." Au milieu des parades et des défilés militaires de la fête nationale dimanche 10 octobre, la présidente taïwanaise a ouvertement choisi de tenir tête au grand voisin chinois. Un coup de menton qui vient clore de longues semaines de tension et de démonstrations de force. Plus de 150 avions militaires chinois ont fait ces derniers jours des incursions dans la zone de défense aérienne taïwanaise, un nombre record.

Samedi, dans l'impressionnant palais du Peuple à Pékin, le président Xi Jinping a promis de réaliser "la réunification de la Chine avec Taïwan". "De manière pacifique", certes, mais en ajoutant à l'intention des indépendantistes : "Ceux qui trahissent la patrie et divisent le pays ne finissent jamais bien."

Un conflit asymétrique

Aux yeux du gouvernement chinois, Taïwan est une province rebelle dont le destin est de revenir dans le giron de la mère patrie. Depuis 2005, une loi autorise d'ailleurs la Chine à lancer des opérations militaires en cas de déclaration d'indépendance. D'un côté la superpuissance chinoise, 1,3 milliard d'habitants et un parti unique ; de l'autre le petit poucet de 23 millions d'habitants, qui défend la liberté de son régime démocratique et n'a aucune envie d'être sous la coupe chinoise. Ils ne partagent rien, sinon la langue.

Cela fait 72 ans que les deux frères ennemis se regardent en chiens de faïence par-dessus le mince détroit qui les sépare. Depuis son arrivée au pouvoir, Xi Jinping s'est engagé dans une logique du harcèlement permanent. Il a rompu toute communication officielle avec Taipei depuis l'élection l'actuelle présidente et accentué la pression sur le territoire pour l'isoler au maximum, en multipliant chantage économique, représailles commerciales, pressions diplomatiques.

L'allié américain de Taïwan

Après avoir réussi à reprendre en main le territoire de Hong Kong, on lui prête l'intention de faire la même chose avec Taïwan l'an prochain, en 2022, juste avant le XXe Congrès du PC chinois qui doit se tenir à l’automne.

D'un point vue strictement logistique et militaire, Pékin a les moyens de neutraliser les défenses aériennes et maritimes de Taïwan. Mais déclencher une guerre semble peu probable, en raison des répercussions régionales et mondiales.

Taïwan, qui ne compte pas franchir la ligne rouge en déclarant son indépendance, a le soutien des États-Unis auprès desquels il se fournit en équipement de pointe. Un contrat de plus d'un milliard de dollars a récemment été passé avec un consortium américain, pour acheter des roquettes et des missiles capables de frapper des cibles sur le sol chinois. Pour 2022  le territoire envisage de consacrer 2% de son PIB à sa défense. Tout pour augmenter sa capacité de dissuasion. Avant qu'il ne soit trop tard.

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