Cet article date de plus d'onze ans.

La nébuleuse de la Tête de Cheval

C'est l'un des astres les plus photographiés du ciel. La nébuleuse de la Tête de Cheval, dans la constellation d'Orion, est un nuage de gaz et de poussières interstellaires qui intrigue et fascine les astronomes depuis plus d'un siècle. Son dernier secret vient d'être révélé par les plus puissants télescopes du monde.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Elle émerge, telle une
énigmatique pièce d'échecs cosmiques,
des nuées gazeuses de la
constellation d'Orion : la nébuleuse de la Tête de Cheval est
l'une des plus célèbres icônes du ciel. Découverte sur une plaque
photographique par l'astronome Williamina Fleming en 1888, la
nébuleuse de la Tête de Cheval, appelée Barnard 33 par les
astronomes, est aussi spectaculaire que discrète : presque
impossible à observer, l'œil à l'oculaire d'un télescope
d'amateur, elle ne se révèle véritablement qu'à la photographie
en longue pose... De fait, c'est l'un des astres les plus
photographiés, par les astronomes amateurs, mais pas seulement :
les professionnels, pour se faire plaisir, orientent de temps à
autres leurs instruments vers le ténébreux destrier céleste... Ces
dernières semaines, les télescopes spatiaux Hubble et Herschel ont
apporté leur contribution à la longue liste iconographique de cet
astre.


Voici quelques années,

la nébuleuse n'était bien connue que par le rayonnement visible
qu'elle nous transmet, si l'on peut dire : dans le domaine
visible – la lumière à laquelle nous sommes sensibles, entre 0,4
et 0,7 micromètre de longueur d'onde – la nébuleuse est
totalement opaque. Constituée de gaz et de poussières
interstellaires, elle est froide, dense et ne laisse donc échapper
aucune lumière. Dense doit être ici pensé dans son acception
astronomique : en réalité ce nuage interstellaire ne contient
que quelques centaines d'atomes par centimètre-cube : selon des
critères terrestres, il est quasiment vide !


La nébuleuse de la Tête
de Cheval
mesure environ deux années-lumière (soit vingt mille
milliards de kilomètres) et se situe à environ 1600 années-lumière
de la Terre, dans l'une des régions les plus jeunes de la Voie
lactée. Là-bas, des milliers d'étoiles naissent actuellement,
pratiquement sous nos yeux, enveloppées dans les langes nébuleux
desquels elles émergent lentement. Parmi ces étoiles naissantes,
les plus brillantes d'entre elles, des supergéantes bleues, vingt à
trente fois plus massives que le Soleil et brillant dix à cent mille
fois plus que lui, illuminent et chauffent le gaz autour d'elles.
Leur souffle puissant modèle et sculpte les nébuleuses qui sont à
leur portée. C'est ainsi que le couple d'étoiles supergéantes
Sigma Orionis, situé à une quinzaine d'années-lumière seulement
de la nébuleuse de la Tête de Cheval, noie celle-ci dans son
rayonnement aveuglant. Le gaz, de l'hydrogène principalement, qui
environne la nébuleuse est chauffé, ionisé par Sigma Orionis ;
c'est d'ailleurs cet éclairage stellaire qui rend la Tête de Cheval
visible, en ombre chinoise devant les nuées enflammées d'Orion...


Mais la science, si elle
nous révèle les merveilles du monde, parfois, aussi, le
désenchante.
Ainsi, jusqu'à ces dernières années, pouvait-on
rêver à ce que dissimulaient les volutes opaques de la Tête de
Cheval... Derrière ces rideaux de velours noirs, se cachait-elle une
étoile à naître ? L'aspect compact et dense de la nébuleuse
pouvait le laisser espérer. Mais il n'en est rien, comme l'ont
révélé, petit à petit, les télescopes capables de percer les
nuées gazeuses de la Tête de Cheval, et regarder à travers elle...
Pour cela, les astronomes utilisent le rayonnement infrarouge, auquel
la plupart des nébuleuses sont transparentes. Sur le photomontage
qui illustre cet article, trois images montrent la nébuleuse telle
qu'elle apparaît dans le rayonnement visible, à gauche, et dans
l'infrarouge, à droite. Le photomontage montre des images du Very
Large Telescope européen de 8 mètres de diamètre (à gauche), vers
0,5 micron de longueur d'onde, du télescope infrarouge Vista de 4
mètres (au centre), vers 1,3 micron de longueur d'onde et enfin du
télescope spatial Hubble de 2,4 mètres, vers 1,6 micron. Sur les
images de Vista et Hubble, la nébuleuse, transparente, se montre
telle qu'est elle : vide. Les étoiles d'arrière-plan
apparaissent, aucune trace d'embryon stellaire n'est visible, le
ténébreux destrier céleste est stérile...


Stérile et mortel.

Regardez-mieux : le fin liseré lumineux qui longe la Tête de
Cheval, c'est son "front d'ionisation" : c'est là
que le puissant rayonnement ultraviolet des étoiles de Sigma
Orionis, progressivement, vaporise le gaz. Lentement mais sûrement,
la nébuleuse de la Tête de Cheval se dilue dans l'espace
interstellaire. Dans quelques millions d'années, elle aura disparu.

Découvrez plus d'images de la nébuleuse sur le site de notre partenaire, Science & Vie .

 

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