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Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir de l'Agence française de sécurité sanitaire

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.
Article rédigé par franceinfo, Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
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L'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a été très critiquée ces derniers jours par le ministre de l'Agriculture. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l'environnement et du travail (Anses) est peu connue du grand public. Pourtant, elle joue un rôle important dans la vie de tous les jours des consommateurs. C’est l’Anses qui délivre les autorisations de mise sur le marché des pesticides, des biocides et des médicaments vétérinaires. C’est elle qui donne par exemple le feu vert, ou non, aux produits utilisés par les agriculteurs comme le très célèbre glyphosate.

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C’est elle, par exemple, qui a fait interdire le bisphénol A dans les biberons, elle qui a permis de faire reconnaître le caractère cancérogène du dioxyde de titane par l'Union européenne, elle qui a alerté sur les risques liés à la consommation de charcuterie ou de lait cru pour les jeunes enfants.

L'Anses ciblée par le ministère de l'Agriculture

Dernier fait d'armes il y a quelques jours, l'Anses a publié un rapport sur la pollution de l’eau du robinet avec un pesticide pourtant interdit. Elle a aussi demandé l’interdiction d’un autre produit phytosanitaire, le S-Métalochlore, responsable d’une pollution massive des nappes phréatiques. Décision contestée par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau lors du congrès de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), principal syndicat agricole français.

>> Pesticides : le ministre de l'Agriculture assume sa volonté de revenir sur l'interdiction d'un herbicide, au nom de "la souveraineté alimentaire"

Tout est parti d’un article de presse diffusant une information affirmant que l’Anses aurait "interdit unilatéralement" l’utilisation d’un insecticide, le phosphure d’aluminium, qui dégage un gaz très toxique, la phosphine, utilisée pour traiter les cargaisons de céréales dans les cales des bateaux. Immédiatement la presse s’emballe et cinq questions sont posées au ministre de l’Agriculture par des députés de l’opposition.

À cause de l’Anses, toute la filière céréalière serait en danger. Or c’est faux. L’Anses n’a pas interdit la fumigation des cargaisons, elle a même ré-autorisé l’utilisation du phosphure d’aluminium. Simplement désormais les professionnels ne seront plus autorisés à mettre les céréales au contact direct avec ce produit, tout simplement parce qu’aucun dossier d’homologation pour cette utilisation n’a été déposé comme le prouve un courrier que franceinfo a pu consulter.

Un courrier dans lequel l’industriel atteste lui-même qu’en mettant les céréales directement en contact avec la phosphine, "les résidus de pesticides" sont "égaux ou supérieurs aux limites maximales" sanitaires fixées par l’Union Européenne. En clair, il y a trop de risques pour les consommateurs.

L'Anses a donc simplement appliqué le droit, ne pouvant tout simplement pas autoriser un produit sans dossier d’homologation en bonne et due forme. Mais ce qu’on retiendra surtout, c'est l’attaque en bonne et due forme du rôle de vigie qu'occupe l’Anses, alors que face à l’effondrement de la biodiversité un rapport publié récemment appelait à renforcer mon indépendance vis-à-vis du politique. Visiblement, du côté du ministère de l’Agriculture, le message n’est pas passé.

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