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C'était comment ? Rue Keller, "Manuel Valls est pas sympa"

Manuel Valls est donc candidat à l’élection présidentielle. Il a fait son annonce lundi 5 décembre depuis Evry, près de Paris, ville dont il fut le maire. Pendant ce temps, dans le 11e arrondissement de Paris, où il vit, l'ambiance était peu rigolote. Nathalie Bourrus y était.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Manuel Valls à Paris, en mai 2015. (NICOLAS MESSYASZ/SIPA)

C’était… pas très sympa. Au tout début de la rue Keller, où Manuel Valls habite, ils sont 3 en faction : 3 CRS. Je m’engouffre dans la rue - une rue charmante, où se mêlent boutiques de bobos aux devantures savamment étudiées et magasins de mangas et jeux de rôle.

Moi : "Bonjour ! Alors, Manuel Valls, vous l’avez vu ce matin ?"

La marchande de jolis pulls : "Non, mais, elle, on la voit plus."

Moi : "Elle ? Qui ça, elle ?"

Elle : "Ben sa femme, la musicienne"

Moi : "Ah oui bien sûr ! Et elle est sympa ?"

Elle : "Bof, pas vraiment… D’ailleurs, regardez : là, sa voiture est garée au pied de l’immeuble, le chauffeur attend, ça veut dire qu’elle va sortir."

Je la laisse, et m’approche du Leader Price collé à leur domicile, discrète - genre inspecteur Clouzot, ni vue ni connue. 

Rien. Toujours pas de Anne Gravoin. Un homme est en train de repeindre sa devanture, pour en faire un salon de coiffure.

Lui : "Ah ! Manuel Valls… le sanguin !"

Moi : "Vous le connaissez ?"

Lui : "Avant, on le voyait dans la rue. Il allait beaucoup au Pause-café, au bout là-bas. Il connaît le patron."

La rue des gens incognito, ni vus ni connus

Un copain du peintre arrive : "Moi, je le connais depuis 25 ans, Valls… Mais là, j’lui parle plus ! Il a complétement ripé le mec."

Moi : "Ripé ?"

Lui : "Ben oui : les 35 heures, il les a cassées. Les patrons, il leur a fait des déclarations d’amour. Et là, il va en banlieue, à Evry, faire genre 'Je suis avec le peuple !!!' Ça va, le délire, ça va."

Ah, les policiers bougent. Une voiture se déplace vers le bout de la rue Keller. "C’est qu’elle va sortir", me dit le peintre de la devanture.

Incognito, je m’approche un peu plus. Ah ! Madame Valls ! Son garde du corps ouvre la grosse porte cochère : elle apparaît, en jupe bleu marine, style classique, le visage fermé.

"Ah ben je vous l’avais dit, ils ne sont pas aimables, les Valls", insiste mon peintre de devanture. La voiture démarre. Je vois quatre policiers en civils, genre "On n’est pas là." Eux aussi, ni vus ni connus.

Moi : "Bonjour, je suis journaliste."

Eux, en chœur : "Ah ben ça, on avait cru remarquer !"

Drôle d’endroit que cette rue Keller, la rue des Valls, devenue pas très sympa. Ni vus, ni connus, des CRS papotent. Incognito, je les écoute : "Vivement que ça s’arrête ! D’toute façon, pour lui, c’est fini les trente mecs pour le surveiller ! Qu’il se débrouille !"

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