Vie professionnelle, vie personnelle : la notion de "temps libre" doit être clarifiée selon le Conseil économique, social et environnemental

À la demande du gouvernement, le Conseil économique, social et environnemental a travaillé pendant six mois sur les nouvelles formes d'organisation du temps de travail.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Temps libre et temps de travail : une notion qui doit être d'abord inscrite dans la charte sociale des droits sociaux au niveau européen, estime le CESE. (Illustration) (MARINA CAVUSOGLU / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Après de nombreuses auditions, et une enquête en ligne à laquelle 10.000 citoyens ont répondu, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), préconise notamment de clarifier la notion "de temps libre".

franceinfo : Pourquoi ce besoin de travailler sur les nouvelles formes d'organisation du temps de travail ?

Sarah Lemoine : La première constatation, c'est que la semaine de travail standard, du lundi au vendredi, en journée, à horaires fixes, et pendant 35 heures, n'est plus du tout la norme, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Elle ne concerne plus que 36% des salariés. Ce qui veut dire que 64% connaissent des horaires atypiques, le samedi, le dimanche, la nuit, ou en horaire décalé.

Ensuite, les travailleurs du privé, du public et les indépendants qui ont répondu à l'enquête du CESE, expriment une aspiration très forte à contrôler leur temps de vie. Avec des divergences notables sur le sujet de la déconnexion par exemple. Si la moitié des répondants souhaitent ne pas être dérangés en dehors des heures de travail collectif, une autre moitié veut pouvoir décider des moments où elle se déconnecte, notamment ceux qui ont des enfants. "Ce qui laisse penser que le droit à la déconnexion tel qu'il a été pensé est déjà ''has been", souligne Christelle Caillet, co-rapporteuse de l'avis du CESE.

Enfin, 75% des personnes interrogées ont le sentiment que leurs journées de travail sont de plus en plus intenses. Ce que le CESE traduit comme "une urgence à ralentir", avec la nécessité de former les managers, et d'évaluer la charge de travail, lors des entretiens annuels obligatoires.

L'urgence à ralentir, c'est là qu'intervient la notion de temps libre ?

Avec les outils numériques, le télétravail, le travail nomade, le forfait jour, le temps partiel subi, le travail morcelé, mais aussi l'astreinte – qui est considérée comme un temps de repos – les zones grises sont favorisées. Le temps libre doit être considéré comme un temps distinct du temps de travail, en dehors de toute contrainte professionnelle.

Or, il n'a aucune définition juridique et ne peut être protégé. C'est une anomalie pour le CESE, qui préconise que cette notion soit d'abord inscrite dans la charte sociale des droits sociaux au niveau européen. Le temps de faire mûrir le débat, avant une éventuelle révision dans le Code du travail français.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.