Notes de frais gonflées : les petits arrangements sont fréquents, selon une étude
Deux salariés sur trois reconnaissent prendre parfois des libertés avec leurs notes de frais. Notes de restaurant, ou frais kilométriques gonflés, les salariés se défendent en expliquant qu'il s'agit de compensations.
C'est une étude menée à l'échelle européenne par une société spécialisée dans la gestion des notes de frais, SAP Concur, qui le dit : seul un salarié sur trois jure la main sur le cœur qu'il ne commettrait jamais de petits arrangements avec ses notes de frais. Les autres – donc les deux tiers d'entre eux – sont habitués aux petits écarts. 32% avouent par exemple avoir ajouté à leurs notes de frais des boissons alcoolisées du minibar de l'hôtel. 27% ont arrondi leurs frais kilométriques. 18% envisagent de le faire. 32% ont fait passé des repas en famille ou entre amis pour des repas professionnels. Là aussi 18% envisagent de le faire. 27% essaient de se faire rembourser leurs dépenses personnelles de fournitures de bureau, ramettes de papier et cartouches d'encre. Et 24% arrondissent leurs factures de téléphone mobile professionnel. Selon l'enquête, tout le monde ou presque devrait se reconnaître dans l'un de ces cas de figure.
Ces pratiques peuvent coûter cher à l'entreprise puisque la moitié des personnes interrogées en France estiment qu'il est acceptable de soumettre sciemment une fausse note de frais pour un montant moyen de 115 euros. SAP Concur, l'entreprise qui a mené l'enquête, a fait le calcul. La fraude aux notes de frais coûterait près de 14 000 euros par an à une société de 250 personnes.
Pour la Cour de cassation, il y a faute grave
Les salariés avancent de bonnes raisons à ces petites fraudes. Pour eux, il s'agit d'une compensation. Rattrapage pour des heures supplémentaires qui ne leur ont pas été payées, dans 15% des cas. Compensation pour des dépenses qu'ils ont engagées dans le cadre du télétravail, c'est le cas de 19% des sondés. Et rattrapage de temps passé en déplacement professionnel dans près de 20% des cas. Pour les auteurs de cette étude, "pour certains employés, des juniors aux dirigeants, il n'y a pas de problème à présenter des notes de frais incorrectes, et ils se considèrent souvent comme totalement justifiés à le faire." Et pourtant c'est une pratique dangereuse. La Cour de cassation affirme que la présentation de fausses notes de frais constitue une faute grave. Et qui dit faute grave dit licenciement possible, surtout si les sommes sont importantes et qu'il y a récidive.
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