Covid-19 : 800 000 emplois seront détruits cette année
Toute la semaine, Philippe Duport s'intéresse au coronavirus et ses différents impacts dans le monde du travail.
C'est paradoxal parce que, comme dans une longue chute, on peut se dire que "jusqu'ici, tout va bien". L'OCDE, dans ses dernières observations, pointe une remontée du chômage, mais elle est légère, et surtout basse. On passe d'un taux de chômage à 7,1% en juillet à 7,5% en août. Le nombre des inscrits à Pôle emploi, ce qui n'est pas la même chose, a même connu au mois d'août sa quatrième baisse consécutive. Moins 4% pour la catégorie A, les demandeurs d'emploi sans aucune activité. L'emploi intérimaire, qui est indicateur très suivi, un signe qui en principe ne trompe pas sur la bonne santé de l'emploi, est même reparti dans le bon sens.
Les prévisions sont mauvaises
Mais la Banque de France annonce que 800 000 emplois devraient être détruits cette année. Et que le chômage pourrait bondir pour atteindre des sommets : 11% au premier semestre de l'année prochaine.
Pour Stéphane Carcillo, économiste à l'OCDE, tout va se jouer dans les prochains mois. Le faible taux de chômage que l'on réussi à préserver est dû d'une part à l'effet amortisseur du chômage partiel. Et d'autre part au fait que beaucoup de gens se sont retirés du marché de l'emploi, découragés ou indisponibles. Mais ils vont revenir. Et de leur côté, les entreprises vont commencer à faire du ménage, voire à mettre la clé sous la porte. Notamment les plus petites et les plus fragiles d'entre elles, qui ont moins accès au crédit. Pour Stéphane Carcillo, beaucoup d'entreprises qui n'allaient pas bien vont prendre des décisions difficiles dans les mois qui viennent. "C'est maintenant que tout se joue", dit l'économiste. Il va y avoir une concentration de fermetures d'entreprises.
Quels emplois sont concernés ?
D'une part, tous les emplois, peu qualifiés à moyennement qualifiés, qui étaient déjà menacés par l'automatisation. Les entreprises vont accélérer le mouvement. Et d'autre part les femmes et les jeunes, surreprésentés dans les secteurs les plus durement touchés comme l'hôtellerie-restauration ou les services à la personne. Point positif : les mesures prises pour les jeunes dans le plan de relance ont de bonnes chances d'amortir le choc, notamment pour les plus diplômés d'entre eux.
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