L’accompagnement des jeunes "invisibles" s’améliore-t-il ?

Depuis quatre ans, le plan d’investissement dans les compétences a permis de repérer 112.000 jeunes considérés "comme hors des radars", et de remobiliser une partie d’entre eux.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"733.000 jeunes, ce serait le nombre de 15-29 ans complètement invisibles", selon Claire Bernot-Caboche, docteur en sciences de l’Education. (Illustration) (GALINA ZHIGALOVA / MOMENT RF)

En France, 1,4 million de jeunes – entre 15 et 29 ans – ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études, selon l’Insee. Mais parmi eux, il y a ceux qu’on appelle les "invisibles". Ils sont inconnus de Pôle emploi et des structures d’accompagnement, ils ne rentrent dans aucune statistique. Ils peuvent être diplômés ou non.

Les raisons du décrochage sont multiples. Échec scolaire, harcèlement, décès d’un proche, manque de lunette, problème d’autorité, difficultés d’insertion, d’argent, logement exigu. Le résultat lui est identique : c’est l’isolement et la souffrance. 

L’objectif, désormais, c’est d’aller chercher ces jeunes invisibles, là où ils se trouvent

Dans les quartiers, les zones rurales, sur les places de marché, aux arrêts de bus. Mais ça peut être aussi sur Twitch ou les forums de jeux vidéo.  Depuis 2019, 300 structures – dont 150 missions locales –  ont reçu de l’argent du plan d’investissement pour les compétences pour aller vers ces jeunes, tester ou amplifier les démarches innovantes.

"C’est la première fois qu’on se pose vraiment la question de comment on va chercher les plus éloignés, pour les mobiliser, résume Ahmed El Khadiri, délégué général de l’Union nationale des missions locales. C’est un renversement de méthode."  

Quatre ans plus tard, quel est le bilan ?  

Il est loin d’être terminé. Mais selon un premier éclairage fourni par le 4e rapport d’évaluation du plan d’investissements dans les compétences (quatrième rapport du comité scientifique de l’évaluation du plan d’investissement dans les compétences | DARES (travail-emploi.gouv.fr), 112.500 jeunes ont été repérés entre 2019 et 2022. Majoritairement en Ile-de-France, dans les Hauts de France, en Paca. Et dans une moindre mesure en Auvergne Rhône Alpes, et dans l’Est.  

Les deux tiers ont accepté d’entrer dans une phase de mobilisation. Et la moitié d’entre eux est allée jusqu’au bout. Soit 40. 000 personnes. Avec à la clef, une inscription dans un service public de l’emploi. 

112.500 jeunes repérés en quatre ans, c’est beaucoup ?  

Pour Ahmed El Khadiri, c’est "une sacré victoire, même s’il reste beaucoup à faire". Claire Bernot-Caboche, docteur en sciences de l’Education, est bien plus mitigée. "Le résultat est faible au vu de l’enjeu sociétal et du nombre de jeunes concernés", dit-elle.

Elle évalue à 733.000 le nombre de 15-29 ans complètement invisibles. Interrogés, les services statistiques du ministère du travail n’ont pas été en mesure de nous fournir des chiffres sur cette classe d’âge, celle ciblée spécifiquement par le plan d’investissement dans les compétences.

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