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Emploi : avoir un nom d’origine maghrébine rend plus difficile une embauche

Même en période de pénurie de candidats, il reste plus délicat de trouver un emploi  si on porte un nom à consonance maghrébine. C’est ce que révèle le service statistique du ministère du Travail, qui a lancé une vaste campagne de testing.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un entretien d'embauche. (VINCENT HAZAT / MAXPPP)

Le testing, c'est cette méthode qui consiste à envoyer des candidatures fictives en réponse à des annonces bien réelles. ISM Corum et l’Institut des politiques publiques, sous l’égide de la Dares, qui dépend du ministère du Travail, a ainsi répondu à 2 400 offres d’emploi, dans des secteurs très différents. À chaque fois quatre candidats postulaient : deux hommes et deux femmes, deux candidats au nom d’origine française et deux candidats au patronyme d’origine maghrébine.

Les résultats sont sans appel, la Dares a calculé que les candidats qui portent un nom d’origine maghrébine étaient moins souvent rappelés que les autres. Une différence de 31,5%. Une personne dont le nom et le prénom sont à consonnance maghrébine doit donc envoyer 1,5 fois plus de candidatures qu’une personne ayant le même profil et dont le nom et le prénom sont à consonance française pour recevoir le même nombre de réponses positives.

La discrimination moins forte dans certains métiers

Plus on s’élève dans la qualification des métiers, moins la discrimination est importante. Ainsi chez les cadres en général, le fait de porter un nom d’origine maghrébine est moins pénalisant. Il l’est très peu pour les développeurs, les directeurs de restaurants ou les directeurs de magasins, par exemple. En revanche, la discrimination est importante pour les métiers moins qualifiés, comme les employés commerciaux, les commis de cuisine et les employés administratifs. La discrimination est aussi plus faible quand il y a de grandes difficultés à recruter. L’écart du taux de rappel n’est que de 26% dans les métiers dits à "à forte tension", quand il est de 34% pour les autres métiers.

La Dares rappelle  qu’une hypothèse souvent avancée est que les femmes pâtissent moins de ce type de discrimination. Il n’en est rien, hommes et femmes dont le nom et le prénom sont à consonance maghrébine subissent bien la même discrimination à l’embauche.

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