Discriminations au travail : les salariés ne se laissent plus faire
Les discriminations au travail ont la peau dure mais les victimes ne se laissent plus faire. D'après le tout dernier baromètre du Défenseur des droits et de l'Organisation internationale du travail : les victimes sont deux fois plus nombreuses qu'il y a sept ans à entamer des démarches.
C'est un mouvement spectaculaire. "Ça suffit", semblent dire les salariés interrogés dans la dernière étude du Défenseur des droits et de l'Organisation internationale du travail. Ils ne veulent plus se laisser discriminer sans rien dire. Les trois quarts de ceux qui ont été l'objet d'une discrimination ont engagé une action pour obtenir réparation. Si la moitié d'entre eux se sont tournés vers leur direction, la progression la plus forte est enregistrée par les représentants du personnel et les délégués syndicaux.
Chez les salariés du secteur privé, le recours aux élus gagne 15 points en sept ans. La progression est encore plus forte dans le public. Mais les victimes se tournent aussi de plus en plus souvent vers les avocats. C'est le cas de 18% d'entre elles contre 10% en 2013. Les victimes de discriminations n'hésitent plus à entreprendre des démarches contentieuses. Un quart des victimes n'ont rien fait. Ils disent avoir eu peur des représailles et avoir un certain sentiment de fatalisme.
Différentes discriminations
Les discriminations restent monnaie courante dans le monde du travail même si elle sont en recul selon le Défenseur des droits : moins sept points par rapport à 2013. Mais elles touchent quand même près d'un quart des salariés du privé comme du public. Alors quelles sont ces discriminations persistantes ? D'abord l'apparence physique, dans 40% des cas, suivie par le sexe puis de l'état de santé. Concrètement, ces discriminations se traduisent par une sous estimation des compétences, l'attribution de tâches inutiles, ingrates ou dévalorisantes, de la pression pour en faire toujours plus, la volonté d'isoler, de placardiser ou de faire démissionner.
Les conséquences de ces comportements provoquent de la colère, de la tristesse, la dégradation du climat familial, un manque de concentration ou un sentiment de honte. Mais aussi, dans 19% des cas, un licenciement, un avertissement, un blâme, ou une mutation. Dans 9% des cas seulement, c'est l'auteur des faits qui a été sanctionné.
Comment lutter contre ?
George Pau-Langevin, ancienne ministre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et désormais adjointe à la Défenseure des droits, plaide pour des mesures contraignantes, des obligations légales pour amener les entreprises à agir. Qu'elles sortent des chartes et des voeux pieux et que les pouvoirs publics exigent d'elles de véritables plans de lutte contre les discriminations. Des plans qui pourraient donner lieu à des sanctions s'ils n'étaient pas respectés.
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