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C'est mon boulot. 30 ans comme médecin généraliste : tout a changé, à commencer par le patient

France Info fête ses trente ans cette année. Nous allons à la rencontre de ceux qui font le même métier depuis trente ans. Comment vivent-ils ? Comment ont-ils vécu les évolutions de leur profession ? Aujourd'hui, un médecin généraliste.

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un stéthoscope tenu par un médecin. (MAXPPP)

À la rencontre de ceux qui font le même métier depuis trente ans. Aujourd'hui, un médecin généraliste.

Ce médecin c'est Claude Leycher, généraliste dans la Drôme, président du syndicat MG France. Il exerce depuis 32 ans. Le changement le plus spectaculaire dans son métier, ce sont les patients et leurs maladies : "On guérit des mélanomes avec des métastases, ce qu'on n'aurait jamais imaginé quand je me suis installé, on est passé des maladies aïgues aux maladies chroniques, on a des patients qui vieillissent, qu'on soigne du troisième parfois du quatrième cancer et qu'on va guérir."


Nouvelles pathologies, mais aussi nouvelles relations avec les patients. Claude Leycher"Avant, le médecin prenait des décisions, aujourd'hui nous prenons des co-décisions que nous prenons avec les patients. Et parfois nous allons prendre des décisions qui n'étaient pas à la base notre décision. Dans le choix des traitements, dans le parcours de soin, dans le maintien à domicile, dans le placement en maison de retraite. Le patient est le premier décideur, le médecin l'accompagne et c'est aujourd'hui très intéressant pour moi d'avoir des patients mieux informés qu'avant, qui connaissent mieux leur pathologie, parfois qui la connaissent mieux que moi, on discute et on apprend mutuellement un certain nombre de choses."

De la différence entre patients et maladies

De nouveaux rapports que Claude Leycher résume d'une phrase : "Auparavant on soignait des maladies, aujourd'hui on soigne des patients qui ont des maladies". Et du coup, c'est toute la consultation qui s'en trouve chamboulée : "Je consacre plus de temps à mes patients. Ceux que je soigne n'ont pas un problème mais ont parfois trois, quatre, cinq, six problèmes. Avant j'avais parfois zéro solution ou parfois une solution. Aujourd'hui j'ai cinq, six, sept solutions."


L'informatisation a touché tous les métiers. Pour Claude Leycher, elle a du bon. Au moins pour une raison toute simple : "L'informatisation ça permet déjà de se relire. Les médecins ils n'écrivent pas bien quand ils écrivent avec un stylo. Aujourd'hui on ne fait quasiment plus d'ordonnance à la main, donc les pharmaciens nous lisent, il y a moins de risque d'erreur et on a accès plus facilement à des données beaucoup plus anciennes, on sait où elles sont rangées et ça c'est extrêmement important". Mais au-delà de ces "petits" changements, c'est toute la médecine qui a changé en trente ans. "On a l'habitude de dire entre nous que tous les cinq ans quasiment la totalité de la thérapeutique change".

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