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Procès du 13-Novembre

Le procès du 13-Novembre entré dans sa dernière ligne droite lundi 13 juin, avec les plaidoiries des avocats, est important pour les victimes des attentats, pour leurs familles et leurs proches, mais aussi pour toute la société. 

Article rédigé par Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le badge des parties civiles au procès des attentats du 13-Novembre. (DORIS POE POUR FRANCEINFO)

Le procès du 13-Novembre entre dans sa dernière phase, et de nombreuses victimes, et familles de victimes témoignent de ce qu’il a représenté pour elles. Mais ces attentats ont bouleversé aussi toute la société.   

franceinfo : Pensez-vous que ce procès soit important aussi à ce niveau, c’est à dire pour nous tous ?  

Ce procès est important pour toute la société parce que nous avons tous été profondément atteints par ces attentats. Nous n’avons pas vécu comme les victimes, le carnage de la salle du Bataclan ou, comme leurs familles, l’attente, dans l’angoisse, d’un proche qui n’est jamais rentré, la douleur, le deuil...

Mais le 13-Novembre, quelque chose pour tout le monde, a basculé, parce que les terroristes s’en sont pris, au-delà des victimes, à la vie elle-même : au désir de vivre et de prendre du plaisir, en posant que cela pouvait être puni de mort.  Cela a eu des effets dans la réalité : il a fallu remettre la vie en marche ; mais aussi des effets dans les têtes.  

Quels effets dans les têtes ?   

Chacun de nous a pensé, à juste titre, qu’il aurait pu faire partie des victimes et a donc ressenti, à partir de là, quelque chose de la sidération, de la terreur, et de l’impuissance qui caractérisent le vécu d’un traumatisme. Et, pour tout le monde cela a été (même si bien sûr, ce n’est pas comparable à ce qu’ont vécu les victimes), très violent.

Et cela a parfois eu des retentissements plus profonds encore. Chez certaines personnes en analyse, par exemple, l’idée d’être menacé pour du plaisir pris, a fait ressurgir des répressions éducatives de leur enfance. Et des peurs de la punition -parentale ou divine - qui se sont ajoutées aux peurs de la réalité. Donc ce procès compte, pour tout le monde, et il a certainement, pour tout le monde, des effets thérapeutiques.   

Des effets de quel ordre ? 

Une journée comme le 13-Novembre transforme le monde en une jungle sans loi, ou tout peut arriver, et c’est terrifiant. Or un procès restaure un ordre du monde, et une loi qui est celle d’une société civilisée. On ne tue pas les accusés sur le mode "œil pour œil, dent pour dent" ; on les juge en leur accordant des avocats, et la possibilité de s’expliquer. 

Leur présence est importante, parce qu’elle fait tomber l’idée d’une force anonyme et toute puissante qui pourrait frapper n’importe où, comme dans les cauchemars. La longueur des débats, qui permet que tout soit abordé, donne aux victimes, à leurs familles, mais aussi à toute la société, le temps nécessaire à une élaboration, qui n’efface pas l’horreur et ses effets mais qui aide à les "digérer" moins mal. 

Et puis le regroupement des victimes, dont beaucoup disent qu’il les a aidées, montre le caractère thérapeutique du collectif. Face aux souffrances qui viennent de la société, se regrouper, pour se soutenir mutuellement est essentiel pour retrouver des repères et des forces qui aident à se reconstruire.  Et, à une époque où l’on nous prêche tant l’individualisme, il est important de l’entendre.    

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