C'est dans ma tête. Les vertus du redoublement
Le redoublement, vécu par les élèves et leurs parents comme un échec a pourtant des vertus qu'il ne faut pas sous-estimer.
Idée reçue : le redoublement n'améliore pas
Les élèves vont reprendre le chemin de l’école et nous aimerions revenir sur un problème qui préoccupe les parents : le redoublement.
Un décret de Novembre 2014 l’avait rendu exceptionnel. Mais le ministre a déclaré, en juin, qu’il souhaitait le rendre à nouveau possible. Et cette déclaration a suscité beaucoup de réactions négatives…Ces réactions sont fondées sur l’idée que le redoublement n’améliore pas le niveau des élèves. Et qu’il peut, de surcroît, les conduire à se dévaloriser.
Ces critiques vous semblent-elles justifiées ?
Il est tout à fait vrai -les statistiques le montrent- que le redoublement,
la plupart du temps, ne fait pas progresser les élèves. Mais le problème, à mon avis, est que l’on évalue ce redoublement avec l’idée qu’il pourrait être, à lui seul, un instrument capable de lutter contre l’échec scolaire.
Un problème multifactoriel
Et cela est absurde, parce que l’échec scolaire est un problème multifactoriel. Un élève qui a du mal à apprendre est en général un enfant (ou un adolescent) qui a, à la fois, des problèmes psychologiques qui bloquent ses capacités d’apprentissage ou qui l’empêchent d’accepter les efforts qu’il faut faire pour apprendre. Et des problèmes qui relèvent de la pédagogie : les méthodes avec lesquelles on lui a enseigné les choses, par exemple, ne lui conviennent pas.
Donc il relève d’une prise en charge. Et d’une prise en charge sur ces deux plans. Et, dans une telle prise en charge, le redoublement peut avoir un sens : on peut faire redoubler un élève en lui expliquant qu’il n’a pas le niveau nécessaire. Mais que l’on sait qu’il est capable de l’avoir. Et que l’on va l’aider à y arriver. Cela lui permet de se sentir revalorisé, responsabilisé et surtout soutenu.
Le système sanction-abandon
Pourquoi le redoublement est-il si décrié ?
D’abord parce qu’il a été trop souvent utilisé comme une sanction que l’on posait, sans chercher par ailleurs à aider les élèves. C’est le système "sanction - abandon", et il est catastrophique. Mais aussi sans doute parce que nous sommes à une époque où l’on s’imagine que, pour protéger les enfants, il faudrait leur épargner toutes les épreuves de réalité. On voudrait supprimer les notes, supprimer le redoublement, etc... C’est à dire tout ce qui pourrait signifier à un enfant la réalité de son niveau. C’est une erreur.
Parce que faire croire à un enfant qu’il est ce qu’il n’est pas, au lieu de l’aider à s’améliorer, ne l’aide pas à se construire. Et c’est une erreur dangereuse. A court terme, parce que cela peut donner des élèves qui, en 3ème, savent à peine lire, j’en ai connu. Et à long terme, parce que l’école doit préparer les enfants à la vie sociale et au monde du travail.
Or, dans le monde du travail, on ne peut se débrouiller que si l’on sait qui l’on est, ce que l’on vaut, et si l’on sait se battre. Donc il faudrait, en matière de redoublement comme ailleurs, abandonner les "bons sentiments" et s’occuper un peu plus de la réalité et de l’avenir des enfants.
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